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01/04/2012

A vos agendas


Je rigole 576 Andoni guitare 1 20-02-2012 22-36-15.jpgLUNDI 2 et 9 Avril,  "Je Rigole"

 C'est « Je rigole » avant-dernière à La Maroquinerie « Espace Christian Dente »  avec un invité en première partie: Bertrand Louis.

Le mot de Claude Lemesle

« Andoni Iturrioz a dans son bagage de baladin la tendresse et la passion des grands. Si ses racines plongent sans réticence dans la tradition qui nous nourrit tous, il déploie toute l’arborescence de son talent dans l’impertinence et la modernité.

Il le fait avec force, avec foi, sans oublier la pincée d’humour sans laquelle il manque aux œuvres une des couleurs essentielles de la vie.

pano je rigole.jpg

Donc Lundi 2 et 9 Avril, à Paris, réservez, c'est pas le Zénith, et c'est très bien

http://www.manufacturechanson.org/espace_cd/programme.php...

 

 

Mardi 3 Avril  Anne Cadilhac

 Depuis 3 mois elle fait le show, Anne Cadilhac anne cadilhac voile 6 AAAA 09-01-2012 20-30-25.jpg « Tirez sur la pianiste » et comme le public en redemande, c'est reparti pour 3 mois, tous les mardis. Pour le conseiller à vos amis, allez-y vite... Ça ne peut que vous donner envie de célébrer le printemps.

 Difficile de trouver les superlatifs pour décrire toutes les facettes d'Anne Cadilhac, excellente pianiste, elle virevolte d'un texte mystico-érotique à une initiation à Schopenhauer sur le thème "l'envie et l'ennui", avec un pot de Nutella,j e résume, c'est désopilant. Et instructif. Schopenhauer, vu comme ça, c'est alléchant ... Au jeu des ascendances, je verrais volontiers Sophie daumier pour la blondeur incandescente et acidulée, et Bedos père ou fils pour la plume acidulée, et drôlissime.

Comment parler d'amour et de sensualité avec dix doigts et un piano ? Venez vous faire apprivoiser par ce trio drôle, piquant et absolument surprenant...

Les feux de la rampe - 2, rue Saulnier, 75009 Paris à 20h précises

http://www.theatre-lesfeuxdelarampe.com/h





Valérie Mischler

ou l'éternel retour …

pano V Mischler.jpg

et toujours à l'Essaïon, pour 6 soirées,  en formation agrandie d'un guitariste, attention, c'est deux fois trois jours, prenez des notes pour réserver, et c'est à 20h précises,  si vous ratez le début , revenez en deuxième semaine.

Première tournée : Jeudi vendredi samedi 12/13/14 Avril,  seconde tournée 19/20/21 Avril.

Ce spectacle, et l'album qui le représente, c'est le regard que pose Valérie Mischler sur les aventures du quotidien, entre les pages d'un carnet intime entr'ouvert, ou les échos des rencontres plus ou moins faciles, c'est un tableau d'éclats de vie qui répond, ou qui essaie de répondre au « pourquoi » éternel leit-motiv sur le chemin des hommes.

Et pour les fidèles qui ont eu le plaisir de partager les précédentes soirées, des nouvelles chansons, inédites sont annoncées. Encore une bonne raison d'aller à l'Essaïon ? Messieurs, mettez vous au premier rang, vous avez peut-être une chance d'être un animal de bonne compagnie. Mesdames, ne craignez point, l'adoption ne sera que temporaire... Enfin je l'espère …

C'est là http://www.essaion-theatre.com/spectacle-valerie-mischler...

mais la mise à jour n'est pas complète … (rajoutez un musicien dans le casting)

 

 

Louis ville.jpgProchainement ici même des nouvelles (très attendues) de

Louis Ville, à l'Européen, le 10 Avril

pour « Cinémas » revu et augmenté...

Interview ici:

http://www.ledoigtdansloeil.com/videos.htm

 

Tous renseignements utiles pour y être:

http://www.spectacles.carrefour.fr/billets-spectacles/man...

avec en première partie Delphine Volange... http://www.myspace.com/delphinevolange

 

 ...  et puis bientot La Carte blanche de Claudia Meyer, Callas Nikoff (et Elisa-Beth Wiener) ...

 

 Avec une chanson pour la route (des 4 chansons ?)

Chanson d'amour et d'amitié,
Chanson d'un vieux routier de la vieille rengaine.
Chanson des rues et des pavés,
Perdue ou retrouvée sur le bord de la Seine.
Chanson qui vit dans ma mémoire,
Et vient dans ma guitare me jouer la chansonnette.
Chanson des nappes de papiers,
Chanson qui fait rêver, musique un peu simplette.

Chanson d'amour et de regret,
Chanson qui fait pleurer Margot dans sa chaumière.
Chanson pour Serge ou pour Edith,
Ancienne ou inédite, en tout cas familière.
Chanson qui n'est qu'une chanson
Pour toutes les saisons du temps qui se déroule.
Chanson que l'on siffle pour soi,
Que l'on chante à mi-voix ou que reprend la foule.

Chanson qui n'est qu'une chanson
Pour toutes les saisons, musique un peu guimauve.
Chanson que je connais par coeur
Que je chante en majeur quand j'ai les idées mauves
D'amour et d'amitié.

 (Georges Moustaki)

 

Ces spectacles n'ont rien contre le fait de voyager dans le monde, et dans les belles provinces de France et de Navarre. Donc amis lecteurs, et spectateurs potentiels, faites l'écho dans vos alentours, faites résonner le tam-tam interstellaire auprès des organisateurs de spectacles musicaux. Et que ça chante !!

13:35 Publié dans Blog, Musique | Lien permanent | Norbert Gabriel | Commentaires (1) | Tags : je rigole, anne cadilhac, valérie mischler, louis ville, delphine volange, chanson, spectacle | | |  Facebook |  Imprimer | | | |

29/03/2012

Chanter le blues, la vie en rose, la vie en blues ...

 

edith peinture bleue.jpgLe 8 mars 1946 , en Suisse, chez Gilles, pour une émission de radio Suisse Romande, Edith Piaf enregistre « Dans ma rue » une chanson très bluesy, qui ne sera disponible sur disque qu'en 1958; parmi les raisons, il y a les 5'39 qui excédaient le format 78 T pour expliquer ce différé. Il y a aussi le fait que c'est un enregistrement public, moins léché que les produits studios, il a causé la mise en veilleuse de cette chanson revenue dans l'actu début des années 2000, avec les rééditions systématiques des enregistrements ayant passé des 50 ans en droits DRM. D'autre part, le piano-voix intimiste (avec une contrebasse assez discrète) n'était pas dans les us et coutumes de l'époque où le disque se faisait obligatoirement avec orchestre. Brassens sera le premier à imposer des disques guitare-voix en 1952-53.

On peut remarquer le phrasé jazzy de Piaf, très inhabituel dans son style qui a tendance à accentuer les finales «  La fille de joie est tris-TE... » alors qu'un léger décalage façon jazz « La fille de joie est tris ..t'.. » serait plus léger et plus sensible

« Dans ma rue »

http://www.youtube.com/watch?v=btN78u9XX4s

Dans la même séance, on trouve « J'ai dansé avec l'amour » dans la même approche jazz-swing... mais avec un phrasé plus classique Piaf.

« J'ai dansé avec l'amour »edith orchestre  sépia  24-03-2012 11-16-08 266x189 24-03-2012 11-16-08 266x189.jpg

http://www.youtube.com/watch?v=9spjtoKUqII

 Dans ces années 40-45, Piaf a chanté assez souvent dans une ambiance jazz/big band, ensuite, elle est revenue au classique français, en raison d'un effet de mode américaine qui allait s'essoufler selon elle, (ce qu'elle dit à Montand en 1945-46)

« Dans ma rue » est un des rares exemples de ce style 'à la Brassens' qui savait alléger les finales en décalant jazzy … avec l' élision systématique du « e » final, ce qui n'est pas une nouveauté, la preuve par Ronsard, qui écrit : « Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle » 

mais qu'on prononce :

« Quand vous serez bien vieill’, au soir, à la chandell’ »

Imaginez un peu « Quand vous serez bien vieil-leu, le soir à la chandel-leu.. » ça sonne moins bien et on a du pied surnuméraire..

(Il y a 2 ou 3 ans, un chanteur français a beaucoup sévi en play list d'Inter, avec « le soleil-LE, dans le ciel-LE, sur le por-RE... où il y avait en plus « un mirador-RE ») Est-ce bien raisonna-BLEU ..?)

On a le même exemple avec une chanson de Trénet « La folle complainte » que Trénet interprète avec une rigidité étonnante, par exemple, pour respecter la métrique il dit « … hier soir-re » alors que Barouh ou Higelin étirent un temps « hier..soi-oir » en évitant la lourdeur du « re »

edith montmartre  orange 24-03-2012 12-52-44.jpgDans « J'ai dansé avec l'amour » (chanson du film Montmartre sur Seine, en 1941) l'extrait du film montre clairement que l'accordéoniste (Henri Vidal) fait de la figuration, c'est un big band jazz qui l'accompagne, et probablement pas les musiciens qu'on voit à l'image. Mais dans cette période, Piaf a plusieurs chansons très rythmées jazz (surtout quand c'est Robert Chauvigny au piano qui l'accompagne plutôt que Marcel Bonel l'accordéoniste qui la ramène au très classique phrasé français qui alourdit les finales parfois jusqu'à la caricature. D'ailleurs on pourrait faire un tour dans l'environnemment musical de Piaf, qui semble avoir été très dominé par l'accordéon de Bonel, il y a eu un excellent guitariste, Jacques Liébrard, totalement 'absent' dans les enregistrements avec Piaf, il est confiné à la rythmique discrète, alors que quelques années plus part, avec Gréco, on découvre un guitariste exceptionnel, de la classe de Crolla ou de Barthélémy Rosso.

Parfois on peut les confondre, Liébrard et Rosso ont très largement suivi la trace de Crolla, dans ses accompagnements avec Montand. Dans un album de Jean-Claude Pascal (qui avait demandé à Crolla de l'accompagner), on pourrait s'y tromper tant Mimi Rosso joue 'à la Crolla'...

Pour mémoire, et pour revenir à Edith Piaf, il y a l'exceptionnel «Cri du coeur » (Prévert-Crolla)prevert crolla soleil 24-03-2012 12-46-35.jpg enregistré dans des conditions particulièrment chargées (1960, quelques mois avant la mort de Crolla) un des rares, peut-être le seul enregistrement de Piaf en guitare-voix, ou presque, avec Crolla à la guitare, la mythique Selmer Maccaferri 453. Cette chanson 'Cri du coeur' a été tellement marquée par Piaf, que personne ou presque n'a osé la mettre à son répertoire (sauf Catherine Sauvage) il faut attendre 1998 pour que Françoise Kucheida l'interprète, dans le style Piaf. Mais c'est Hervé Vilard, en 2003 ou 2004 qui en fait une des versions les plus intéressantes, et sans soute plus près de l'esprit Prévert, en l'interprétant avec plus de légèreté, en faisant une sorte de bras d'honneur au malheur, malgré tout !

(mais en 1960, avec Crolla condamné à brève échéance, Piaf très malade qui va au studio en ambulance, l'ambiance était moins à la rigolade... )

Version Piaf-Crolla

http://www.youtube.com/embed/gcMtFa7so0c

Version Hervé Vilard

http://www.deezer.com/fr/music/herve-vilard/cri-du-coeur-...

et écoutez bien la toute dernière seconde..

 

Edith rouge.jpg

livre piaf.jpg

 

 En ce qui concerne Edith Piaf, sur sa vie d'artiste, de chanteuse, tout ce qu'elle a écrit, chanté, testé, refusé, avec dates et références, un seul livre à consulter, le plus complet :

 « Piaf »

de Pierre Duclos et Georges Martin (Le Seuil 1993)

 

 

On a aussi un très bon chanteur de blues, en plus de ¨Michel J. c'est Jehan, dont l'album

« La vie en blues » est superbement construit. (chez Didier Pascalis Tacet.)Jehan.jpg

 Très bel album qui met une touche de blues spirit dans 14 pages de la chanson francophone. On les connait presque toutes par coeur, ces chansons, et pourtant c'est une re-découverte, en particulier cette émouvante Marie-Jeanne* (Ode to Billy-Jo ) dont toute l'énigmatique ambiance est parfaitement rendue par Jehan. Mais on ne sait toujours pas pourquoi Marie-Jeanne Guillaume s'est jetée dans la Garonne...

On peut aussi remarquer que Jehan sait entrer dans le blues sans effet tapageur ni artifice, il est dans le blues comme ces old singer de la Louisiane qui n'avaient pas besoin d'autre chose qu'une vieille guitare et un harmonica pour vous prendre à plein coeur et vous emmener dans leurs ballades entre mi-rage et mi-rêve, dans un train qui prend son temps pour traverser la vie, comme celui de Félix Leclerc, ce fameux train de Ste Adèle qui a révélé à un jeune chanteur une certaine idée de la chanson, Ricet Barrier, que le train de Ste Adèle a envoyé sur les chemins de Montaligère, et d'un putain d'métier... Balladin pour « Chanter à tue-tête, Bahia, Toulouse, le lac St Sébastien, dans une valse à Milteau » pleine de sensualité et de sensibilité.

L'art de l'interprète est de faire revivre des chansons et de donner à entendre des nuances différentes, Jehan excelle dans cet exercice, autant que dans le choix des auteurs qu'il a invités dans sa vie en blues, un blues mis en paysages sonores par Thierry Garcia dans ce voyage de chansons dont chacune est une perle.. Pour des raisons personnelles, et l'admiration inconditionnelle que je porte à Nino Ferrer et Jean -Roger Caussimon, deux joyaux : « Pour oublier qu'on s'est aimés » de Nino Ferrer et « Les belles nuits» de Caussimon 

« La vie en blues » de Jehan, chez Tacet.

 

Il y a quelques jours, Doc Caloweb avait proposé aussi quelques avis personnels sur chanter le blues quand on n'est pas né au bord du Mississippi...

http://resistancechanson.hautetfort.com/archive/2012/03/2...

20:00 Publié dans Blog, Musique | Lien permanent | Norbert Gabriel | Commentaires (0) | Tags : blues, piaf, jehan, chanson, crolla, prévert, cri du coeur | | |  Facebook |  Imprimer | | | |

Djazzeries la française langue, verte et slang...

 

Pourquoi et comment cet américain venu de Louisiane, parle-t-il un français aussi riche et aussi coloré ?

Autre question : Dans ses mémoires, le Doc s'est pas mal étendu sur les années 30, sur des musiciens comme Robert Johnson, or il prétendait avoir passé ces années en France. Un recoupement s'imposait pour faire la part des faits réels ou bien des narrations plus ou moins fantaisistes. Pour faire son show de conteur aux souvenirs très riches de détails pittoresques.

Duhamel et Prévert.jpg

On y est venus, à ces recoupements par le biais de Crolla, Prévert, et Marcel Duhamel.

Marcel Duhamel grâce à qui le Doc maîtrise aussi bien la langue de chez nous dans toutes ses nuances, rares chez un américain. A part Sim Coppans et Brian Thompson.

Duhamel, dont on reparlera, mais pour le moment, écoutons le Doc.

 

« Alors voilà, je ne suis jamais retourné aux States. Quand j'en ai eu l'envie, j'avais pas le fric, et quand j'ai eu le fric, j'avais plus envie. Parce que ce qu'on m'en disait n'avait rien de bandant. Comment j'ai su tout ce qui se passait au pays ? C'est simple, tous les musiciens qui débarquaient à Paris arrivaient direct chez moi... J' étais le mec qui connaissait tous les plans, pour se loger, pour bouffer, pour baiser, c'est comme ça que j'étais au courant de ce qui se passait là-bas... On me racontait.. Les nouvelles du pays, de la musique et le reste... Et ça me donnait pas tellement envie de faire la route vers l'Ouest. J'avais pris l'habitude de pisser à côté de n'importe qui, jeune ou vieux, blanc ou métèque, et retrouver les pissotières white only, ça m'aurait énervé. Sans parler de l'escalier de service à l'hôtel quand les musiciens blancs passent par l'entrée principale.

En 39, on est quelques uns à avoir senti le vent mauvais, surtout les musiciens juifs, là, je serais bien reparti aux States. C'est pour ça que je suis allé en Angleterre, depuis l'épisode Hylton, j'avais gardé quelques relations. Et on a fait une fiesta terrible quand on s'est retrouvés, et j'ai raté le bateau. Et puis j'avais perdu le billet. Voilà pourquoi je ne suis pas retourné aux States. C'est vrai que parfois j'avais la nostalgie du riz-haricots rouges de la Louisiane, je me suis consolé avec le cassoulet, la pasta acciuta de Madeleine Buisson, la soeur de Crolla et la potée des auvergnats de Paris. C'est sûr qu'à Londres sur ce plan, c'était moins la fête... et puis ça a été les bombardements, là j'ai regretté d'avoir raté le bateau … les caves de Londres, j'ai nettement préféré celles de St Germain des Prés, la musique y était plus à mon goût...

                                                                                 Ici, Chez Papa, rue St Benoit 

 Là une des caves que j'aimais bienchez papa jazz club.jpg

cave jazz.jpg

C'est marrant mais dans les années 30, tous les européens voulaient émigrer aux States, pour cueillir les dollars, comme si ça poussait dans les champs de coton, et nous les negros musicos on rêvait de venir en France pour pisser à côté d'un blanc sans se faire lyncher, et jouer dans des clubs chics qui n'étaient pas des bordels avec musique ... Ça s'est vite su, ce genre de truc, d'abord par les soldats qui étaient venus en 17, il y avait une compagnie nègre, mon frère y était, et il est resté, mais quand je dis resté, c'est resté sous terre... Il avait des idées qui lui auraient valu des ennuis, le brother s'il était rentré au States, genre liberté égalité et tout le fourbi. La liberté aux USA, c'était surtout la liberté pour les blancs de faire ce qu'ils voulaient, demande aux Indiens ce qu'ils en pensent... Nous il a fallu qu'on l'apprenne, puis qu'on la prenne... First, understand, then take ! tu piges ? et ça n'a pas été facile.. Alors tu penses bien qu'ici... Mais ça n'a pas toujours été facile, au début on faisait marrer les gens, ils avaient jamais vu de nègres dans notre genre, des qui parlaient la langue des dieux d'Amérique, pas les baragouins petit-nègre y a bon Banania de ceux d'Afrique comme qui dirait des singes doués d'une forme de parole, nous on était plutôt une catégorie à part, estampillée dollar, ça mérite un peu de respect, le dollar.. Finalement, c'est après 1945 que ça s'est dégradé, va savoir, le frenchie voulait bien avoir de la reconnaissance pour le tommy-boy de Georgie ou du Texas, mais pour l'oncle Tom, faut pas pousser trop loin.

miles greco.jpgC'est comme ça que Miles Davis s'est vu refuser une table dans un grand restaurant, oh on lui a pas dit ouste négro, dehors, mais sorry monsieur toutes les tables libres que vous voyez là sont réservées ... Miles, il croyait qu'en 1960 à Paris avec une vedette d'ici à son bras les portes s'ouvraient en grand... il m'aurait demandé, je lui aurais sous titré le film... Sur une scène, dans un club de jazz, ces messieurs dames nous frôlaient volontiers, ils buvaient un coup avec nous, mais dehors, dans la vraie vie, gardez vos distances les gueux, on ne se mélange pas avec n'importe qui... Salvador ne s'en est jamais remis de ça... Les beaux messieurs faisaient copain-copain le soir au Schubert, mais le lendemain sur les Champs, c'est comme s'il était devenu transparent, Henri, on ne le voyait plus... Voilà, c'est une part du rêve qui s'effiloche, et ça laisse des traces... Moi, ça ne me faisait ni chaud ni froid, j'ai eu des bons copains des vrais, dans toutes les catégories de gens, et c'est pas parce qu'un type est noir qu'il est forcément moins con qu'un blanc... Et réciproquement...  Disons plus prudent par expérience...

La bande à Prévert, Duhamel, c'est par Paul Grimault et Savitry que je les ai conus. Savitry, c'était le monsieur jazz de la la bande. C'est chez lui que Django et Joseph (Reinhardt) ont entendu ls premiers disques de Louis... C'est Emile (Savitry) qui m'a embarqué, un soir, au Bal Nègre... enfin il me semble que c'était au Bal Nègre … et quand j'ai rencontré Marcel, Duhamel, on a eu tout de suite les atomes accrochés. D'abord, il parlait très bien américain, et pas l'anglais dOxford, et il s'intéressait aux romans policiers, il les traduisait, alors tu penses si on a jaspiné argot et slang tous les deux … c'était de l'échange culturel bien arrosé, et bien corsé. Voilà pourquoi ses polars de la Série Noire sonnaient juste. Et il y avait aussi une de ses copines, Minnie, qui était bien branchée littérature américaine... Minnie Danzas... Qui a traduit tout Chester Himes

Il y avait aussi les mômes, Rico Crolla, et les Mouloudji, deux frangins marrants, mais je les voyais moins, la nuit ils dormaient, eux …

 H Crolla tournesol 1.jpg<---  Henri Crolla  (en 1952)

      les frères Mouloudji, --->mouloudji frères.jpg

                    (en 1935-37)

               Marcel et André

Il y avait du beau monde dans cette bande, des belles personnes comme on dit … J'ai bien aimé trainer avec eux, les Crolla, Mouloudji, Duhamel, les frères Prévert, Brassaï, moi je faisais de la figuration intelligente, tu vois, le second ou troisième rôle qui complète le décor... la touche de blues un peu exotique, je dis pas ça avec amertume, c'était mon tempérament, je faisais garniture autour du plat principal, ce qui est plutôt confortable globalement, t'es pas en première ligne, tu trouves toujours une bricole à faire... évidemment, faut pas rêver à une Rolls et un château en Espagne, ou en Provence, mais j'ai toujours aimé voyager léger... Pendant des années la bande à Prévert vagabondait d'hôtels en hôtels, de provisoire en occasionnel, ça me plaisait bien, même si j'avais une cambuse prêtée à vie, ça laissait un air de liberté toujours possible... Tu prends ton banjo, et go man... Même si tu sais que tu le feras pas, tu sais que c'est possible, et ça, c'est vital, comme pour les gypsies, les manouches, les gitans, c'est pas pour rien qu'ils se disent fils du vent.

 Propos recueillis par Norbert Gabriel

Tout s'explique finalement, et pour finir en musique, un petit voyage musical à St Germain des Prés, quand Crolla avait invité Grappelli au Club St Germain, en 1954, avec Soudieux et Mac-Kac Reilles, où « chaque soir on se retrouvait comme une petite famille heureuse » (Stéphane Grappelli dixit)

« Have you met miss Jones », et « Belleville » au Club St Germain

http://www.deezer.com/fr/music/stephane-grappelli-henri-c...

là c'est Crolla avec « Lalos Bing » Martial Solal, un de ses premiers enregistrement

http://www.youtube.com/watch?v=ti1dFnzWFCY&feature=BF...

et pour finir, cette délicieuse Titine, c'est tout Crolla et sa guitare, tendresse et malice rieuse..

http://www.youtube.com/watch?v=ewBh3XachbI&feature=au...

 

Henri Crolla et sa Selmer Maccaferri 453, et la petite famille (élargie) du Club St Germain,

de gauche à droite, Grappelli, Mario Meunier, Crolla, Soudieux, Paraboschi, et Michel Hausser, coupé en 2pano crolla club.jpg

 (sur la photo de groupe, le type devant, mais c'est le Doc !!! qui est la blonde ???)

01:36 Publié dans Blog, Musique | Lien permanent | Norbert Gabriel | Commentaires (1) | | |  Facebook |  Imprimer | | | |