31/03/2016
Lettre ouverte aux Trois Baudets
Depuis plusieurs années, les mêmes situations produisent les mêmes effets, des spectateurs déçus en sortie de spectacle où l'absence de lumière les a privés de voir ce qui se passe devant le micro... donc, un état des lieux est à faire, ici, c'est une salle qui a en principe les moyens de nous en mettre plein la vue, ce qui arrive parfois, mais pas forcément comme on le voudrait...
Chers amis asiniens,
Depuis quelques années, parmi les spectateurs fréquentant régulièrement ce lieu mythique, les récriminations à la sortie sont récurrentes sur un point essentiel dans la qualité d'un spectacle, la lumière. Peut-être vous a-t-il échappé que lorsque nous allons en salle découvrir un artiste, c'est pour l'entendre, et le voir. La chanson, dans le spectacle vivant, c'est son ET lumière. Pour être précis, quelques spectateurs sans doute chafouins pensent qu'il est bon que les lumières éclairent les artistes par devant, et non pas par derrière. Nous ne doutons pas de la grâce de leur postérieur, mais c'est surtout le côté face qui nous intéresse, en général. Et sur ce point, il y aurait des choses à redire. Est-ce une tendance nouvelle de faire des éclairages qui montrent le décor, les rideaux, en oubliant les saltimbanques qui sont devant le micro ? A moins de considérer qu'ils ne sont que les accessoires secondaires du show ? Si je vais dans une salle de spectacle, en principe c'est pour voir tout ce qui se passe sur scène, je sais, c'est un peu primaire comme approche, mais bon, la question est légitime n'est-ce pas ?
Je vous fais grâce des moments pénibles pour les spectateurs des rangs médians qui ont eu souvent une sorte de projecteur laser partant du fond de la scène, au ras du sol pour arriver droit dans les yeux de 30 ou 40 personnes qui ont la garantie d'être aveuglées pour une ou deux minutes. Menues facéties qui ont découragé pas mal de monde de se risquer dans la salle, sauf à se placer derrière les piliers, mais dans ce cas, autant rester chez soi, et écouter l'album dans son fauteuil favori.
Un exemple de ce qu'on voit le plus souvent, ou qu'on ne voit pas ? Voilà... Une batterie de projos en fond de scène, est-ce bien raisonnable ?
Il faut préciser que cette image est représentative de ce qui se passe sur la plupart des spectacles, avec témoignages de spectateurs constants sur ce point. Et d'artistes parfois très connus qui sont sortis de la salle assez malengroins, j'ai des noms.
Vous me direz que par les temps qui courent, il y a des sujets de préoccupation plus importants, c'est pas faux. Mais comme on me le disait dans mes jeunes années, tout ce qui mérite d'être fait mérite d'être bien fait. Si la chanson a quelque importance dans ce monde qui boîte, autant lui donner un peu de lumières, les feux de la rampe, c'est fait pour ça.
Lis, persiste et signe,
Norbert Gabriel
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30/03/2016
Montand et Wilson...
A priori, l'idée avait tout pour séduire, Lambert Wilson, comédien, pour faire revivre des chansons de Montand, c'est intéressant pour remettre en mémoire un des plus formidables homme de music hall de tous les temps. Parmi les stars de la chanson, on ne trouve pas beaucoup d'artistes ayant réuni une présence scénique magnétique, le sens du spectacle, un choix exigeant pour un répertoire d'une richesse inégalée, une renommée internationale qui l'a conduit à être le premier chanteur de variété à être invité au MET, le mythique Métropolitan Opera de New York.
Montand a eu la chance d'avoir, de son vivant, une biographie qui est un des modèles du genre, par l'exigence de ses auteurs, leur travail extrêmement fouillé, et recoupé, auprès de tous les témoins qui ont connu Montand, avec Montand lui-même qui leur a confié des documents précieux pour éclairer des points de détail, « Tu vois je n'ai rien oublié » a été publié en 1990, auteurs Hamon et Rotman, et rien n'a été oublié, tout a été vérifié.
Mais des plumitifs moins scrupuleux ont pioché dans les bruits qui ont couru, transformant un bout de phrase en vérité arrangée, c'est assez courant, pas forcément gravissime, mais ajoutés les uns aux autres, ça déforme vite l'image, et si les lecteurs ont l'esprit un peu malveillant, ça prend des proportions excessives.
Premier point, que Lambert Wilson commente, « la justesse de Montand, et le rythme »... Une réponse sur ces points, ce que dit Bob Castella, qui n'était pas très laxiste avec la musique :
Techniquement, il n'y avait pas de problème du justesse, Et pour le geste, côté scénique c'est uniquement lui, il n'a besoin de personne. Le seul défaut de Montand, c'était la mesure. Il n'avait pas eu le loisir d'étudier suffisamment le solfège. Et puis c'est un homme qui marche à l'instinct, à l'enthousiasme. Emporté par l'action, il ne se rendait pas compte qu'il manquait parfois un temps. (.) J'ai entrepris de le corriger.. page 256.
Henri Crolla, lors de leur première rencontre pour présenter « La chanson des cireurs de souliers » devenue « les cireurs de souliers de Broadway » lui a dit la même chose, quand Montand a interprété la chanson en première audition, si on peut dire.. Toutefois, cette chanson dont Crolla est le compositeur est une musique très acrobatique et sinueuse, elle est plus faite pour un sax ondulant que pour une guitare sommaire. Et pour le texte de Prévert, on est loin du confortable octosyllabe ou du classique alexandrin. Tout comme Sanguine, c'est plus près du jazz de Charlie Parker que des chorus New Orleans vieux style.
Sur Montand, en annexe après la sortie très médiatisée de l'album Wilson, quelques fantaisies entendues à la radio, ou lues de ci de là..
- - Syracuse , une chanson de Montand et Salvador.. (adieu Dimey)
- - Sanguine, une chanson de Prévert et Bob Castella (Castella n'a jamais composé pour Prévert, Sanguine c'est Crolla)
- - Dans une fiction, on fait dire à Piaf, « J'ai tout changé chez Montand, sa tenue, son répertoire.. » Pour ce qui est de sa tenue de scène, Montand l'avait trouvée tout seul, avant de connaître Piaf. Depuis 1942 il avait chemise et pantalon marron, qui sont devenus sa tenue de scène définitive début 45 quand il a quitté la veste 'zazou', plusieurs mois avant de rencontrer Piaf. Sur ce point, elle n'a rien changé.
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- La bicyclette (titre original de Barouh « à bicyclette » comme il l'annonce dans tous ses concerts) est interprétée par Wilson dans la version erronée que Montand a enregistrée, mais qu'il a corrigée ensuite dans tous ses concerts. Comment Lambert Wilson a pu rester sur la version erronée, d'autant que Barouh lui avait expliqué ?
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- On entend ou lit souvent que Montand doit tout à Piaf, voilà donc ce qu'Edith a dit à Lydia Ferroni, la sœur aînée de Montand avec qui elle est toujours resté amie « Ton frère tu sais Lydia, je lui ai seulement permis d'économiser 2 ou 3 ans »
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- Une dernière pour la route, j'ai entendu Lambert Wilson évoquer Armand Mestral baryton d'opérette, bon, ça fait beaucoup cher Lambert mais si on a entendu Mestral une fois, on entend bien que c'est une basse, pas un baryton. Il a commencé comme chanteur lyrique d'opéra, puis a fait des cabarets chansons et de l'opérette.
Tout pourrait ressembler à un réquisitoire contre Lambert Wilson, ça veut simplement pointer la légèreté de pas mal de gens quand il est question de chanson, qu'ils abordent vraiment avec un sens du mineur dans tous les angles... Ce ne sont que des chansonnettes disait Brassens, c'est vrai, mais on peut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux, et essayer d'être honnêtement informé. Ou avoir l'honnêteté de reconnaître une erreur, un site spécialisé à qui on signale une erreur sur une chanson préfère supprimer la ligne que de corriger... Est-ce cela aimer la chanson ?
Dans un récent débat très vif sur Bruel et Barbara, qu'on aime ou pas Bruel, dans toutes les interviews entendues de ci de là, il y a au moins un point positif, le chanteur connait vraiment son sujet, ce qui semble ne pas être le cas de quelques admirateurs de Montand/Wilson.
Comme tout finit par des chansons, voici donc Sanguine, l'original, sur un texte de Jacques Prévert, mis en musique par Henri Crolla.
Norbert Gabriel
17:05 Publié dans chanson, Musique | Lien permanent | Norbert Gabriel | Commentaires (2) | | | Facebook | Imprimer | |