14/02/2012
Robert Johnson
Djazzeries Le blues de Robert Johnson,
C'est un de ces musiciens mythiques qui a fait un passage météore dans le monde du blues. Le temps de créer sa légende. Quand on en a parlé, avec le Doc, j'ai eu un doute, sur son récit, les années en question, il m'avait bien expliqué qu'il vivait une riche aventure de spectacle en Europe, et qu'il n'avait jamais remis les pieds aux States . Alors ? On aura la réponse plus tard, pour le moment, le fabuleux Robert Johnson, légende du blues. 1911-1938 .
« Celui-là, c'est une énigme, ou un prodige de la musique. Il avait dans les 20 ans, il jouait de l'harmonica, mais il voulait jouer de la guitare, mais quand il en avait une, c'était sauve qui peut tout le monde. Et puis un jour, il disparaît, 2 ans, et on le voit revenir avec une guitare, et là, ce foutu bâtard jouait comme un dieu... Ou comme un diable... Quand on lui a demandé, il a répondu, c'est facile, tu te trouves à minuit exactement à tel croisement, et là, tu verras une grande silhouette noire, suis ses instructions … Il en disait pas plus... et tout le monde en a déduit qu'il avait marchandé avec le diable. Et tout le monde l'a cru, et il n'a pas démenti, le bougre de phénomène. Il y avait du vaudou dans l'air dans ces coins de Louisiane.
Il avait une vieille guitare une Kalamazoo, copie cheap des Gibson, je sais pas où il l'avait trouvée, mais ce qu'il en faisait, c'était incroyable. Un don du ciel, ou du diable, mais inouï. C'est marrant ces génies qui semblent naître spontanément, Django aussi est apparu au même moment, enfin dans le monde de la guitare jazz... Ces mecs, t'as l'impression qu'ils ont 10 doigts à chaque main, et en plus regarde un peu les mains qu'il avait, c'est pas juste.. T'es vu ses doigts ? À se demander s'il n'avait pas le même truc que Paganini, une sorte de déformation des doigts plus ou moins hypertrophiés qui lui donnait des doigts souples, c'est compliqué ce truc médical*, mais c'est foutrement efficace... Si tu as des doigts normaux, tu peux pas lutter.. Tu me diras que Django il jouait 100 fois mieux avec ses 2 doigts et demi, que pas mal de gus avec tous leurs doigts en entier..
Pour revenir à la musique de Johnson, les gens qui ont entendu ses enregistrements dans les années 80, croyaient que les crédits des disques avaient oublié de mentionner un second guitariste. Et bin non, il jouait en même temps les deux voix, et il chantait en plus. Moi, ça m'a pas étonné, il y a eu un argentin Oscar Aleman qui faisait des choses comme ça, et il a enregistré à Paris, dans les années 45. Mais au début, quand je disais que Johnson jouait solo, on me croyait pas, on se foutait même un peu de ma gueule en douce. Ce mec avait une voix magnétique, assez haut perchée, mais ça vous prenait au coeur et aux tripes, les hommes comme les femmes. C'était un marin des plaines, avec une femme dans chaque village. Mais pas forcément des maîtresses, c'est la route à l'américaine, tu arrives dans un bled, tu trouves un coin pour chanter, ou pour jouer, et t'as toujours une personne ou une famille qui te dit viens dormir à la maison... et le casse croûte va de de soi. Et le lendemain tu tailles la route... Toujours. Même où on était très bien reçus, on trainait pas... L'un disait, « It's good times here... » les gens comprenaient, « c'est chouette ici.. » mais nous on savait la suite, non exprimée : « but it's better down the road » ce qui signifiait en gros « c'est mieux ailleurs » et on se tirait... So long, hasta luego et latcho drom .. Et malgré cette vie de vagabond, Johnson était toujours impec, tiré à 4 épingles. C'est un de ses copains de route qui m'a dit ça, on arrivait dans un bled après une nuit de train, dans des wagons de marchandises, sur la paille, moi j'avais l'air de sortir d'une poubelle, lui c'était comme s'il sortait du salon de coiffure. »
En voilà une séquence
http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailp...
Ce qui est étonnant, c'est qu'au même moment, ou presque, sur deux continents, deux guitaristes surdoués amènent des accords inventifs dans le jazz et le blues, les 7 eme et 9 eme augmentés, l'un parce que sa main handicapée l'obligeait à tout réinventer, avec une nouvelle guitare qui sonnait en solo, la Selmer Maccaferri, et et l'autre parce qu'il réinvente le blues... 2 ou 3 ans après Django, hasard, coïncidence ou information ? Ou technique à la Oscar Aleman ? Le mystère est pour le moment inexpliqué, mais ...
Robert Johnson avait ce talent de séduire tous les publics en quelques notes, c'est lui qui a inventé le support qui permet de jouer de l'harmonica en s'accompagnant à la guitare, prélude à l'homme orchestre baladin léger comme l'oiseau.
Propos recueillis par Norbert Gabriel ©1998-99
NB: dans les années 60, peu de gens connaissaient Johnson, mais les Rolling Stones avaient eu ses disques, c'était un de leurs maîtres de musique.
Les mains et les doigts de Robert Johnson
* Il est fort possible que Paganini ait souffert du syndrome de Marfan (une hyperlaxité ligamentaire). Quoi qu'il en soit, il benéficia, en plus d'une technique développée, d'une morphologie particulière: ses mains, sans être plus grandes que la normale, étaient dotées d'une extensibilité hors normes. Ainsi, par exemple, il imprimait aux dernières phalanges de la main gauche qui touchait les cordes, un mouvement de flexion extraordinaire, qui les portait, sans que sa main ne se dérange, dans le sens latéral à leur flexion naturelle, et cela avec facilité, précision et vitesse.
Et voici une guitare Selmer Maccaferri mythique, la 453 d'Henri Crolla ©NGabriel 1998
23:41 Publié dans Blog, Musique | Lien permanent | Norbert Gabriel | Commentaires (2) | Tags : blues, jazz, robert johnson, guitare | | | Facebook | Imprimer | |
13/02/2012
Céline Caussimon au Lucernaire
Céline Caussimon
en concert
chaque dimanche à 19h
du 19 février au 1er avril 2012
au LUCERNAIRE 53, rue Notre-Dame des Champs, 75006 Paris
m° : Vavin (ligne 4) ou Notre-Dame-des-Champs (ligne 12)
Les chansons juste insolentes de Céline portées par le rythme et le swing de l’accordéon.
De la chanson qui pique…
Céline Caussimon (voix) /Thierry Bretonnet (accordéon) durée : 1h05
Tarifs : 15 Euros et 10 Euros réduit Réservations : 01 45 44 57 34
Bénéficiez du tarif préférentiel à 10 Euros en réservant vos places à
(merci de préciser le dimanche choisi et le nombre de places)
J'ai eu le privilège d'assister à une avant première, le 17 Janvier, jour de quelques anniversaires célèbres : Cassius Clay, Françoise Hardy, et d'autres moins célèbres (mais le 18 est très bien aussi) et pour avoir suivi Céline dans tous ses états de spectacle, il y a dans ce nouveau duo voix-accordéon l'intensité et la flamme du voce a mano Leprest-Galliano. C'est toujours un régal de partager les émois de la ménagère qui vient de retrouver son cerveau, disponible à l'humour acidulé de cette insolente passionaria du pouvoir de non achat.
Nota bene: ça commence à l'heure, donc ne trainez pas au bistrot avant, vous aurez le temps après.
Norbert Gabriel
15:35 Publié dans Blog, Musique | Lien permanent | Norbert Gabriel | Commentaires (1) | Tags : lucernaire, caussimon, chanson | | | Facebook | Imprimer | |
11/02/2012
Les Fils du vent
“Les fils du vent” film de 1h30, et aussi documentaire’ musical sur le jazz Manouche avec Moreno, Ninine Garcia, Angelo Debarre et Tchavolo Schmitt (auteur Bruno Le Jean)
Un beau moment de voyage dans la vie et la musique de ces étoiles scintillantes de la guitare; à travers ces 4 portraits de musiciens, on découvre et approfondit tous les ressorts secrets qui animent ces créateurs de musique riche et nourrie de deux inspirations vitales: la nature et la liberté.
Il faut voir et entendre Tchavolo devant le ressac de l'océan, qu'il traduit en accords et mélodies naissantes, écouter Angelo Debarre parler de l'essence de l'âme tzigano-manouche, la nature.
L'humour de Moréno dans son numéro de charme de gitano-lover, irrésistible, et la ferveur musico-spirituelle de Ninine Garcia. Ils ont tous une part de ces quatre volets de la vie voyageuse, les fils du vent savent prendre un peu de distance avec le sérieux compassé et les attitudes convenues, et ils ont tous en partage intégral ce sens inné de la musique sans frontières. Aucune frontière, comme les nuages qu'on ne met pas en cage. Ce qui n'est pas toujours facile dans un monde qui regarde toujours de travers les « gens du voyage » et qui semble s'ingénier à compliquer leur vie quotidienne et matérielle. En quelques mots glissés entre les notes et les images, on comprend bien que la poésie des balladins qui vont sur les chemins est soumise à quelques vexations ordinaires et récurrentes. Est-ce que le gadjo scotché à son pré carré veut faire payer le prix de ses rêves de liberté oubliée à ces irréductibles oiseaux de passage ? Peut-être …
L'une des grandes qualités de ce film est d'être aussi une leçon de vie et de musique offerte à tous. Pas indispensable d'être un disciple de Django ou de Crolla, ou de Francis Moerman et de Tchan Tchou Vidal, c'est conseillé à tous les publics qui mettent un peu de musique dans leur vie, comme ces musiciens mettent leur vie dans la musique.
De ces quatre fortes personnalités de la galaxie manouche, Angelo Debarre révèle à l'écran une présence d'une intensité et d'une densité époustouflantes. Pour le reste et l'excellence de leur musique, il faut avoir en complément, si ce n'est déjà fait, le « Gipsy Jazz School » d'Alain Antonietto, chez Iris Music,
Ils sont tous là, les grands anciens, et ceux d'aujourd'hui. Il ne manque que Ninine Garcia, qui ne devait pas avoir d'album en 2002. Allez voir par là http://www.djangostation.com/Ninine-Garcia,156.html
Et voici celle qui les emmène tous vers les horizons infinis,
(ici, la Selmer Maccaferri 453 d'Henri Crolla)
Pour quelques notes de plus sur « les fils du vent »
http://www.djangostation.com/Les-Fils-du-Vent,1498.html
http://jazz.classique.free.fr/page11/files/579a64cb4b9ff4...
Ce film cherche des salles pour l'accueillir.
Associations, écoles de musique, collèges, et tous partenaires de la vie culturelle, de France et d'ailleurs, agissez !
Et contactez
Norbert Gabriel