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09/04/2014

Histoire de faussaire, mais pas que ...

brassens-halte 08-04-2014 16-47-11 380x346.jpgQuand on n’a pas le talent de peindre la Joconde, on lui met des moustaches et un nez rouge et on a son quart d’heure de gloire artificieuse.

Dans le petit monde de la chanson, on a aussi ce genre de turlupins, qui viennent faire un hold-up dans le répertoire d’un auteur très connu, mort si possible, pour récupérer une once de plus value dans « leur art ». Dont l’expression est plus proche de la parodie que de l’hommage, sans toutefois assumer le côté parodie. Le dernier exemple est de ce mardi matin 8 avril sur Inter, avec un groupe qui surfe, comme ils disent, sur quelques chansons connues. Leur victime du jour est Brassens. Qui a déjà subi quelques avanies remarquables, tout comme Ferré dans des hommages-dommages assez consternants. Comme on n’ose pas s’attaquer aux textes, même si certains osent tout, il y a des limites, c’est donc la musique qu’on va massacrer, avec les mêmes constantes, on part d’une musique plutôt riche et on l’émascule pour en faire un ersatz qui «surfe» en accréditant ainsi les avis des primaires du solfège qui disaient que Brassens n’était pas « musical ». C’est sans doute pour ça que le jazz s’est souvent régalé avec les compositions de Brassens… Je ne crois pas avoir entendu l’équivalent avec les oeuvres de Plastic Bertrand, référence citée pour ce groupe « Hangar » dans ce happening, dont France-Inter nous a offert un aperçu… (dans une séquence que je suis avec assiduïté, d’où la surprise)

 La mauvaise réputation  revisitée par Hangar, c’est Rhapsody in blue, jouée sur un clavier Bontempi dont on n’utiliserait que quatre ou cinq notes… Et si on efface les paroles pour écouter la musique nouvelle, je mets au défi un musicien non prévenu de reconnaître Brassens, mais comme l’a dit un des intervenants, y a du Plastic Bertrand. Qui comme chacun sait, est un véritable frère de paroles et de musique de Brassens…

La liste des catastrophes musicales de cet acabit est longue. Hélas… Ferré qui se voulait autant musicien qu’auteur a eu aussi à subir les attentats de ces révisionnistes du répertoire. Dont les actions n’ont pas d’autre justification qu’une sorte d’opportunisme de marketing, soufflé par un communicant quelconque, à des gens qui n’ont dû écouter leur artiste reprisé qu’en pointillés. Et surtout entre les points. Il semble que cette re-création de Hangar est un « live » réservé aux (mal)heureux auditeurs de France Inter, qui ne méritent pas ça… Enfin, au moins pour ce mardi. Lors des présentations et interviews diverses pour la promo de ces hommages, (en général) il  est apparu clairement qu’une bonne partie des fervents dévots conviés à la grand’messe ne connaissaient que la chanson à eux dévolue, et un ou deux éléments de langage sur l’artiste objet de leur attention éphémère. Par chance dans ce genre d’exercice, il est fréquent que l’interviouveur n’en sache pas plus que l’interviewé, ça évite les grosses bévues, mais pas toujours…

 Pour cette mauvaise interprétation de la mauvaise réputation, made in Hangar, la séquence dite musicale ne devrait pas figurer sur un album, en vertu du respect minimum dû à une chanson, qui impose de ne pas dénaturer par des initiatives saugrenues ce qui a été déposé à la Sacem sous peine de réparation judiciaire.

 Mais en direct, on peut tout oser. Y compris sur une radio nationale. Dans un album censé être un hommage à Ferré, il y a bien eu une version émasculée de musique avec « Thank You Satan » dans une version rock par Dyonisos, mieux inspiré d’habitude ; rock de la famille de 3 accords pas plus, faut pas exagérer… On n’est pas dans ces allumés du jazz qui s’égarent dans des harmonies sophistiquées… Django, avec 3 doigts et demi joue 250 accords, un rockeur avec 5 doigts va parfois à 6 accords dans ses jours de d’enthousiasme musical le plus échevelé.

A la liste qui s’allonge chaque jour des hommages désobligeants, Reggiani a eu sa part, Moustaki y a échappé, et si le pire n’est jamais sûr, il devient une probabilité menaçante.

jours ferré,kent,nilda fernandez,valérie mischler,bernard joyet,claire guyot,michel buhler,marie-lou nezeysMais tout n’est pas si noir, il y a depuis quelques années, de très belles interprétations de Ferré dans les Jours Ferré. Prochaine édition dans trois semaines, avec des artistes interprètes de très haut niveau, genre Annick Cisaruk, une des très grandes, elle ne sera pas là cette année, elle a emballé le public ces dernières années, mais la relève est assurée. Le pire n’est jamais sûr, certes, et là, on vérifie qu’on n’est jamais à l’abri d’une bonne nouvelle.

 

 

Pour les renseignements, tarifs de groupe, pass 2 jours, une seule adresse:  l'Européen.  

 http://www.leuropeen.info/index.php?wh=programme&evt=705#705

 Norbert Gabriel

17:48 Publié dans Blog, Musique | Lien permanent | Norbert Gabriel | Commentaires (0) | Tags : jours ferré, kent, nilda fernandez, valérie mischler, bernard joyet, claire guyot, michel buhler, marie-lou nezeys | | |  Facebook |  Imprimer | | | |

17/02/2014

La Solitude du chanteur de fond

 

 montand ombre 2.jpgMontand a toujours été un perfectionniste qui travaillait avec une extrème exigence chaque chanson, et chaque scénographie relative à cette chanson. Un professionnalisme qui tenait à son caractère anxieux, inquiet, celui du môme de La Cabucelle, fils d'immigré, qui doit être « commifo » dans chaque situation. Et qui s'est confronté à ses débuts au public de l'Alcazar de Marseille, un des publics les plus exigeants, et souvent  féroce avec les artistes quels qu'ils soient .

 Le succès est venu très vite, quand Piaf doit l'avoir en première partie, elle n'est pas emballée outre mesure, cette vedette qui monte, ça va lui faire de l'ombre, mais elle va voir ce qu'il en est, et perçoit immédiatement le potentiel. Elle m'a fait gagner plusieurs années, dira Montand. Qui comprend très vite la nécessité d'avoir son équipe, et quand il contacte Castella, c'est d'abord un jazzman réputé qu'il recrute. Il deviendra un indéfectible ami. Tout comme Henri Crolla, le deuxième arrivé, "Rico" Crolla qui devient le frangin, le confident, le rital prolo (mais fils adoptif de Prévert) avec qui Montand retrouve la famille. Et c'est avec quelques autres compagnons qui lui seront fidèles sans aucun manquement, qu'il fait un parcours de 7 ans de marathon de tournées, avec en point d'orgue les 8 mois non stop à guichets fermés de l'Etoile 1953. Un concert qui reste un modèle du genre même en 2014. Alors que les albums studios sont assez datés dans la forme. Mais l'Etoile c'est un monument. Montand mettra longtemps à revenir vraiment à la scène chanson, tant l'Etoile 53 a été un sommet. Pourrait-il faire mieux?

A cette époque, Montand est un chef d'entreprise, sur qui tout repose. Simone Signoret définit très bien en quelques lignes ce qu'est la solitude du chanteur de fond. Le patron, mais un patron fragile, si le spectacle n'a pas été réussi, c'est lui qui en prend toute la critique. Dans le cas de Montand, il est parfaitement inenvisageable d'avoir des musiciens interchangeables, les répétitions de Batling Joe, et les cymbales de Paraboschi, c'était des heures de mise au point, pour que le coup de cymbale tombent pile sur le crochet reçu par le boxeur; le guitariste, Henri Crolla, juste derrière Montand, c'est la garde rapprochée attentive qui rattrape parfois le chanteur qui rate un temps, idem pour Castella, Soudieux et Balta. Aucun de ceux-ci ne serait fait excuser pour ne pas être présent à un récital. Le seul cas c'est le voyage en Russie, ça terrorisait Freddy Balta, (l'avion et la Russie) et le jeune Marcel Azzola l'a remplacé. Ce qui fait le charme et la réussite d'un spectacle, c'est une alchimie complice et harmonieuse entre tous les partenaires, ceux qui sont en scène, et qui ne devraient jamais être des pions interchangeables, ceux qui sont en coulisse, pour le son et la lumière. Henri Henri-Crolla-Yves-Montan-400x341.jpgSalvador a raté un de ses spectacles aux Etats Unis parce que les syndicats ont interdit à sa femme de faire les jeux de lumière, au prétexte que leurs éclairagistes assuraient sans problème. Et tous les sketches avec les expresssions comiques de Salvador ont été ratés, la lumière arrivait avec un temps de retard. Parfois ces détails ne sont perceptibles qu'en contrepoint, le jour où on voit un spectacle qui d'un seul coup prend un envol nouveau, il s'est passé quelque chose d'infinitésimal qui fait la différence, le tableau s'harmonise à la perfection, l'artiste a senti l'entière adhésion « amoureuse » de son équipe, et pour revenir à Montand, des décennies plus tard, Soudieux, Paraboschi, Azzola en parlent encore comme quelque chose d'exceptionnel. Parce que c'était lui, parce que c'était eux.

 

*La Solitude du chanteur de fond est un film documentaire français réalisé par Chris Marker, sorti en 1974.

 **Emmanuel Soudieux le bassiste préféré de Django

 ***Bob Castella musicien, ami, et homme de confiance de Montand jusqu'au bout

A noter que Montand après 1960 et la fin d'un contrat avec un imprésario (pendant 12 ans) n'a plus jamais eu d'imprésario, il a tout géré avec Bobby en totale liberté, et en pleine responsabilité de son art.

Bob Castella, après la mort de Montand, a mis un an pour mettre toutes les affaires en ordre, et mission accomplie, il a tiré le rideau.

Norbert Gabriel

 

21:44 Publié dans Blog, Musique | Lien permanent | Norbert Gabriel | Commentaires (4) | Tags : yves montand, henri crolla; bob castella | | |  Facebook |  Imprimer | | | |

07/10/2013

Histoire d'une chanson: La vie en rose

 Avant-propos : 11 octobre 1963, Edith Piaf tire le rideau. Cinquante ans après, une palanquée de livres tout neufs viennent raconter des bouts de sa vie. Plus les émissions de télé, dont certaines nous font le coup de la môme née sur le trottoir de Belleville, 20 ans après la découverte de sa naissance à l'hôpital Tenon. Il y a aussi un spécialiste qui nous apprend que c'est Edith qui décidé Montand à adopter la chemise et le pantalon noirs... Alors que Montand a raconté pas mal de fois comment il a choisi cette tenue marron foncé, à Marseille, avant de venir à Paris, où il tombe la veste, mais Piaf n'y est pour rien, il ne la connait pas encore. Dans tout ce fatras plus ou moins arrangé au gré de la fantaisie des auteurs, il y a un point qu'on pourrait souligner, les chansons naissent parfois dans la solitude de l'artiste, mais c'est souvent une naissance dans une sorte de bouillonnement collectif, La vie en rose en est un bon exemple.

 

la vie en rose piaf marianne.jpgLa vie en rose, (Edith Piaf/Louiguy)

Comment nait une chanson ? Parfois dans une création collective, dont tous les participants ne sont pas crédités.

Pour « La vie en rose » autour d'Edith Piaf qui en est l'initiatrice et l'auteur à 80%, il faudrait signaler Robert Chauvigny, Marianne Michel, Henri Contet, peut-être Marguerite Monnot, et bien sûr Louiguy.

Il y a plusieurs versions qui racontent l'histoire de cette chanson, en recoupant, et reprenant la chronologie, des faits se dégagent, en 3 temps :

 

1- Piaf a eu une idée de mélodie, qu'elle a travaillée avec son chef d'orchestre, Robert Chauvigny, sur une ébauche de texte.

2 - Quelques temps après Marianne Michel lui demande de lui écrire une chanson. Piaf esquisse quelques phrases, en disant « la musique était écrite » et dans les mots qu'elle a griffonnés , il y a « Quand je vois les choses en rose » Marianne Michel lui suggère: « … la vie en rose »

3 - Ensuite Henri Contet lui fait remarquer que pour première phrase, ce n'est pas la bonne forme, il faut introduire la cause pour que la suite soit cohérente... La cause ? Quand il me prend dans ses bras... L'effet ? Je vois la vie en rose... Edith Piaf revoit donc son texte : « Quand il me prend dans ses bras ... »

La chanson est finie, mais n'étant pas agréée Sacem comme compositeur, il faut trouver quelqu'un pour signer la musique. Marguerite Monnot sollicitée en premier refuse cette niaiserie, un autre compositeur se défile, plusieurs peut-être, et c'est finalement Louiguy qui accepte plutôt contraint et forcé. A ce moment, il est un des compositeurs «mineurs» de Piaf. Ça infirme quelque peu la version qu'il donnera après la mort de Piaf, en précisant qu'ils avaient ébauché cette chanson quelques mois avant la date officielle de la rencontre avec Marianne Michel, et il indique une date: le baptême de sa fille. Mais dans ce cas, Piaf qui était réglo, lui aurait proposé la signature en premier, avant Marguerite Monnot... La version tardive de Louiguy semble s'être un peu arrangée avec les années... Il n'a jamais démenti la version d'Edith de son vivant.

Et dans le «monstre» qui a servi à travailler la mélodie, ça commençait par :

«Mais ce qu'on ne savait pas /  c'est que monsieur Dumas/ était un hypocrite... »  On est loin de la vie en rose..


En conclusion : « Il y a sans doute 3 parts de vérité. Celle de Louiguy : la musique et quelques paroles ont pu être ébauchés le jour du baptême de sa fille. Celle de Piaf : Marianne Michel l'aurait incitée à finir le texte. Celle de Contet : lors d'un premier jet, aucune chanson n'est jamais parfaite, et les retouches sont souvent une oeuvre collective. Pour le reste, aucune des trois parts de vérité n'enlève à Piaf la paternité ou la maternité de « La vie en rose », créée par Marianne Michel, puis reprise par son auteur. »

Extrait de « Piaf » par Pierre Duclos et Georges Martin, LE livre de référence.

 

Depuis sa création, 1950 versions de « La vie en rose » ont été enregistrées. Pour une niaiserie, c'est pas mal … Toutefois, Edith était plus ou moins d'accord avec Marguerite, puisqu'elle n'a pas créé la chanson. Elle l'a gravée plusieurs mois après Marianne Michel. Ensuite, Louis Armstrong, en 1950, puis Marlène Dietrich, Diane Dufresne, Montand, Ute Lemper, Iggy Pop, Emile Simon et quelques autres , voir ICI. https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Vie_en_rose

et la première version enregistrée par Marianne Michel



 

Dans tous les livres qui sortent pour ces  50 ans, il y a de tout, mais pour les passionnés de chanson, et uniquement de chanson, le meilleur c'est "Piaf"  de Pierre Duclos et Georges Martin, et il est disponible en format poche.

Norbert Gabriel

 

01:32 Publié dans Blog, Musique | Lien permanent | Norbert Gabriel | Commentaires (8) | Tags : la vie en rose, edith piaf, marianne michel | | |  Facebook |  Imprimer | | | |