09/04/2014
Histoire de faussaire, mais pas que ...
Quand on n’a pas le talent de peindre la Joconde, on lui met des moustaches et un nez rouge et on a son quart d’heure de gloire artificieuse.
Dans le petit monde de la chanson, on a aussi ce genre de turlupins, qui viennent faire un hold-up dans le répertoire d’un auteur très connu, mort si possible, pour récupérer une once de plus value dans « leur art ». Dont l’expression est plus proche de la parodie que de l’hommage, sans toutefois assumer le côté parodie. Le dernier exemple est de ce mardi matin 8 avril sur Inter, avec un groupe qui surfe, comme ils disent, sur quelques chansons connues. Leur victime du jour est Brassens. Qui a déjà subi quelques avanies remarquables, tout comme Ferré dans des hommages-dommages assez consternants. Comme on n’ose pas s’attaquer aux textes, même si certains osent tout, il y a des limites, c’est donc la musique qu’on va massacrer, avec les mêmes constantes, on part d’une musique plutôt riche et on l’émascule pour en faire un ersatz qui «surfe» en accréditant ainsi les avis des primaires du solfège qui disaient que Brassens n’était pas « musical ». C’est sans doute pour ça que le jazz s’est souvent régalé avec les compositions de Brassens… Je ne crois pas avoir entendu l’équivalent avec les oeuvres de Plastic Bertrand, référence citée pour ce groupe « Hangar » dans ce happening, dont France-Inter nous a offert un aperçu… (dans une séquence que je suis avec assiduïté, d’où la surprise)
La mauvaise réputation revisitée par Hangar, c’est Rhapsody in blue, jouée sur un clavier Bontempi dont on n’utiliserait que quatre ou cinq notes… Et si on efface les paroles pour écouter la musique nouvelle, je mets au défi un musicien non prévenu de reconnaître Brassens, mais comme l’a dit un des intervenants, y a du Plastic Bertrand. Qui comme chacun sait, est un véritable frère de paroles et de musique de Brassens…
La liste des catastrophes musicales de cet acabit est longue. Hélas… Ferré qui se voulait autant musicien qu’auteur a eu aussi à subir les attentats de ces révisionnistes du répertoire. Dont les actions n’ont pas d’autre justification qu’une sorte d’opportunisme de marketing, soufflé par un communicant quelconque, à des gens qui n’ont dû écouter leur artiste reprisé qu’en pointillés. Et surtout entre les points. Il semble que cette re-création de Hangar est un « live » réservé aux (mal)heureux auditeurs de France Inter, qui ne méritent pas ça… Enfin, au moins pour ce mardi. Lors des présentations et interviews diverses pour la promo de ces hommages, (en général) il est apparu clairement qu’une bonne partie des fervents dévots conviés à la grand’messe ne connaissaient que la chanson à eux dévolue, et un ou deux éléments de langage sur l’artiste objet de leur attention éphémère. Par chance dans ce genre d’exercice, il est fréquent que l’interviouveur n’en sache pas plus que l’interviewé, ça évite les grosses bévues, mais pas toujours…
Pour cette mauvaise interprétation de la mauvaise réputation, made in Hangar, la séquence dite musicale ne devrait pas figurer sur un album, en vertu du respect minimum dû à une chanson, qui impose de ne pas dénaturer par des initiatives saugrenues ce qui a été déposé à la Sacem sous peine de réparation judiciaire.
Mais en direct, on peut tout oser. Y compris sur une radio nationale. Dans un album censé être un hommage à Ferré, il y a bien eu une version émasculée de musique avec « Thank You Satan » dans une version rock par Dyonisos, mieux inspiré d’habitude ; rock de la famille de 3 accords pas plus, faut pas exagérer… On n’est pas dans ces allumés du jazz qui s’égarent dans des harmonies sophistiquées… Django, avec 3 doigts et demi joue 250 accords, un rockeur avec 5 doigts va parfois à 6 accords dans ses jours de d’enthousiasme musical le plus échevelé.
A la liste qui s’allonge chaque jour des hommages désobligeants, Reggiani a eu sa part, Moustaki y a échappé, et si le pire n’est jamais sûr, il devient une probabilité menaçante.
Mais tout n’est pas si noir, il y a depuis quelques années, de très belles interprétations de Ferré dans les Jours Ferré. Prochaine édition dans trois semaines, avec des artistes interprètes de très haut niveau, genre Annick Cisaruk, une des très grandes, elle ne sera pas là cette année, elle a emballé le public ces dernières années, mais la relève est assurée. Le pire n’est jamais sûr, certes, et là, on vérifie qu’on n’est jamais à l’abri d’une bonne nouvelle.
Pour les renseignements, tarifs de groupe, pass 2 jours, une seule adresse: l'Européen.
http://www.leuropeen.info/index.php?wh=programme&evt=705#705
Norbert Gabriel
17:48 Publié dans Blog, Musique | Lien permanent | Norbert Gabriel | Commentaires (0) | Tags : jours ferré, kent, nilda fernandez, valérie mischler, bernard joyet, claire guyot, michel buhler, marie-lou nezeys | | | Facebook | Imprimer | |
18/05/2012
Un moment avec Tranches de scènes
Voilà bien quelque chose que j'aurais aimé avoir au cours de quelques décennies de disette musicale, en province, quand les cinémas music-hall à l'ancienne se sont transformés en complexes multisalles, et que les Brel, Ferrat, Aznavour, Aufray, Coluche, qui venaient régulièrement au Palais des Fêtes, n'ont plus eu de salle pour chanter. Sinon une ex patinoire reconvertie à l'occasion d'une des premières tournées d'Hubert-Félix Thiéfaine. Tranches de scènes, c'est deux heures avec un artiste et ses amis, et plus de 20 moments de scène, des vrais, avec le commentaire du maître de cérémonie, un vrai bonheur, chaque fois...
J'ai sous la main, le numéro 10, un moment avec Michèle Bernard, mais avant j'ai bien envie de vous parler du numéro 9, Bernard Joyet. Bernard Joyet qui sera à l'Européen le 29 Mai, avec la pétillante Nathalie Miravette. De deux choses l'une, soit vous serez parmi les z'heureux spectateurs ce soir là, et nous n'aurons qu'à partager un coup d'oeil complice et virtuel en évoquant ce moment particulièrement gouleyant, soit vous ne serez pas là, parce que vous êtes en Alaska ou en Indonésie, ou en Australie, ou au Brésil, ou à Boston, ou à St Paul des Landes, car nous avons des lecteurs dans ces superbes contrées lointaines) et si vous ne pouvez être présents, c'est Tranches de Scènes qu'il vous faut. Le numéro 9, Bernard Joyet, qui vous donnera envie d'avoir illico le 10, avec Michèle Bernard, de St Julien Molin Molette, dans le Sud du Forez.
Autour de Joyet, une belle famille de saltimbanques choisis, dans une palette bigarrée de talents invités par le maestro, des compagnons de scène ; de route ou d'affinités, de ceux qui sont toujours prêts à faire une fête musicale à consommer sans modération, comme dans le bistrot à Jamait où la chanson sans frontière ni préjugé se décline en terme d'amitié, en terme de rencontre amoureuse quand les mots appellent la musique et que la musique appelle les mots.Et avec Bernard Joyet cette fête est permanente. Drôle, tendre, acidulée, désopilante, poétique et charnue, dans tous les états du spectacle vivant. Impossible de ne pas mentionner sa partenaire, l'irrésistible Nathalie Miravette, de ne pas saluer ce grand mécréant d'Henri Courseaux, aventurier de la scène dans la tradition des personnages de Shakespeare, ou de Cervantès, il y a quelque part l'ombre de Juliette en filigrane, Jean-Pierre Réginal, Francesca Solleville, Annick Roux, Clémentine, Marion Rouxin, Coline Malice, Jeanne Garaud, Matthieu Bouchet, Manu Galure, Albert Meslay...
Et dans la conversation avec Eric Nadot, en voix off, on suit le parcours de Joyet.
Sa vie, son oeuvre, ses amis ici présents, son humour, ses pointes cyranesques de pourfendeur du politiquement correct, qu'il faut voir et entendre en scène, ou à défaut en Tranches de Scènes.
Et le 29 mai à l'Européen, à 20h avec Mademoiselle Miravette, pour un nouvel album, un nouveau spectacle, dans l'équipe de Tacet, le label de Didier Pascalis.
les sites à voir :
http://www.chanson-net.com/tranchesdescenes/index.htm (Tranches de scènes)
http://www.bernardjoyet.com/ (Bernard Joyet)
http://www.myspace.com/nathaliemiravette (Nathalie Miravette)
http://www.tacet.fr/ (Label Tacet)
et demain, focus sur la grande Michèle Bernard de St Julien Molin Molette...
Norbert Gabriel
18:10 Publié dans Blog, Musique | Lien permanent | Norbert Gabriel | Commentaires (2) | Tags : bernard joyet, tranches de scènes, l'européen | | | Facebook | Imprimer | |