28/05/2012
Djazzeries et Musiques populaires.
C'est bientôt les vacances, les grandes, le temps des festivals, des découvertes et des rencontres,un esprit de fête qui est malheureusement confiné aux périodes de loisirs. Et puis avec la fréquentation de plus en plus confidentielle des églises, la musique se fait par procuration dans des télé-crochets, enfin pas toujours, les chorales se portent plutôt bien depuis quelques années, et il est fréquent d'entendre une salle reprendre une chanson en choeur spontané, et plutôt réussi. Ce ne fut pas toujours le cas. Et il reste un problème de fond avec la musique, et la pratique de la musique, c'est un domaine réservé à une minorité. Alors que dans pas mal de civilisations, elle est dans la vie de tous les jours … Tout le monde chante, dit-on, c'est assez vrai , mais pas toujours juste.
Doc Caloweb « … ce qui m'a longtemps gêné chez les français, c'est leur manque d'esprit musical, pour le public, pas les musiciens, mais le public, aux States quand tu chantes dans un coin paumé, ou un bistrot tu as tout de suite 3 gus qui embrayent avec 3 voix en choeur et contrechant, en France quand t'en as un qui chante juste, ça tient déjà du miracle, et pour taper dans les mains, alors là, vaut mieux rien dire... C'est pas que les américains soient plus doués, mais ils commencent à faire de la musique tout petits, à l'école, à l'église, dans les bus scolaires, et dans les champs, et un des premiers cadeaux qu'on fait à un môme, c'est un instrument de musique, même chez les familles modestes. En France, t'as l'impression que c'est un luxe inaccessible, et c'est pas le pipeau en plastique moche qui peut donner des envies de woodstock aux enfants de la patrie.
Dans pas mal de familles très modestes de Louisiane, même dans des cases on trouvait parfois un piano... On nous racontait souvent l'histoire de Sally Hemings, l'esclave maîtresse de Jefferson, après la mort de Jefferson, elle s'est retirée dans une maison très modeste, presque une case, mais il y avait un piano .. Pas l'eau courante, mais un piano … C'était pas non plus la majorité, je t'ai raconté comment on fabriquait nos instruments, la boite à fromage pour la caisse du banjo, et pour les plus raffinés, la boite à cigares -grand modèle- pour des presque guitares, qui sonnaient comme des banjos d'ailleurs … Mais dès 1850-60, des commerçants avisés avaient compris qu'il fallait proposer des instruments abordables, rustiques, pour les cowboys autour du feu de camp.. Tu sais, Dans les plaines du FarWest quand vient la nuit, les cowboys près du bivouac sont réunis … avec harmonica et guitare, et vas y avec Darling Clémentine, ou Amazing grace ou d'autres chansons plus lestes … La Clementine, on l'épluchait parfois … si tu vois … C'est pas qu'on avait l'esprit spécialement mal tourné, mais bon … Et puis les westerns façon Hollywood, ça a bricolé un folklore assez loin de la réalité. Les cowboys, c'étaient des ploucs la plupart du temps, juste bons à se tenir sur un cheval pour garder des vaches. Le chevalier solitaire qui parcourt la prairie pour défendre la veuve et l'orphelin, c'est bon pour les contes et les légendes. Et les westens série B des années 50. A raconter aux enfants qui croient à Santa Claus et au père Coca-Noël... En chantant Jingle Bells … N'empêche que le plus simplet des vachers savait chanter à peu près juste. Et quand il savait pas, il réinventait...
Nous, en Louisiane, on avait les fanfares, ça c'était aussi important que le football américain, chaque quartier avait sa fanfare, avec uniforme, et tout le tsouin-tsouin, fallait voir ça, le grand concours annuel des fanfares, défilé triomphal, foule en délire... Une sorte de carnaval permanent, du baptème à l'enterrement, toute occasion de faire de la musique était bonne à prendre... Et on ne s'en privait pas.
Tout était bon : pique-niques, réunions sportives, carnavals, meetings, fêtes organisées par des sociétés diverses et bien sûr les fameux enterrements. La musique : marches militaires, ragtimes, airs de danse, airs folkloriques, hymnes spirituels, marches funèbres thèmes de jazz. Le brass band, c'est comme qui dirait la carte de visite musicale du vieux pays. Un des personnages emblématiques, c'est John Philip Sousa, il y a même un timbre qui lui a été consacré, c'est l'ancêtre des brass bands, dans le temps, enfin avant 1900, c'était des grands orchestres, genre militaire, d'où les uniformes des fanfares, casquette, veste chamarée et drapeaux... On y est tous passés. Et puis pour les pauv'ptits negros du Sud, c'était l'occasion d'avoir des souliers corrects, et une belle tenue bien brillante. Ça marche toujours ce genre de connerie...
Le prestige de l'uniforme...
Tiens voilà à quoi ça ressemblait, le Sousa Band, c'est du lourd !
Avec les sons qui se propagent sur l'eau, on devait l'entendre dans toute la Louisiane, le Sousa Band ...
Tous les bands n'étaient pas de ce calibre, la norme c'est avec 4 instruments pour la mélodie, la reine trompette, la princesse clarinette, le tonton trombone, et le cousin sax, qui est arrivé plus tard. Et pour la section rythmique, les turbulents tambours, caisse claire, grosse caisse, cymbales, le banjo, et le vieux père tuba... le soubassophone, qu'on a appelé aussi le sousaphone, en clin d'oeil à John Philip Sousa... C'était une sorte de musique militaire, mais à la façon négro américaine, on marchait au pas mais au pas de danse, c'est plus fun. Plus ouvert, c'est comme les musiques brésiliennes, elles sont portées par les rythmes, et de ces rythmes naissent des chansons. C'est assez différent de musiques collées plus ou moins laborieusement sur des textes rigides, chaque fois que j'entends à la radio des gens qui te martèlent « le soleil-le, dans le ciel-le, sur le por-re » où il y a un mirador-re... Insupportableuuu ! Je coupe le son … et je mets un disque de Nino Ferrer, qui savait faire danser les mots avec des musiques éblouissantes... C'était une sorte de blues rital, Nino, un vrai créateur, dommage qu'on l'ait réduit à un ou deux tubes mineurs ..
OK Doc, bien d'accord et voilà un des bons moments de Nino Ferrer, marchez, enfants de la Patrie, allons gaiement vers le destin, quoi que … Salut Nino !
Version longue, 7'40 et remise en actus http://www.youtube.com/watch?v=BJLYu8a1q_Q
Version courte http://www.youtube.com/watch?v=vYDmTZ_LjlY
et puis, pour quelques notes de plus, cette version de Cannabis, avec les percussions qui emmènent la musique, et les mots qui mordent …http://www.youtube.com/watch?v=4ZTjSisCDvw
Et si vous ne connaissez de Nino Ferrer que Mirza qui téléfon pour des cornichons, écoutez l'album « Métronomie » d'où viennent les 3 extraits ci dessus. C'est un monument.
Métronomie (9.05) Les Enfants De La Patrie (4.55) Métronomie 2 (2.18) Cannabis (4.43) La Maison Près De La Fontaine (3.43) Isabelle (2.29) Freak (1.28) Pour Oublier Qu'On S'Est Aimé (3.27)
Norbert Gabriel
20:50 Publié dans Blog, Musique | Lien permanent | Norbert Gabriel | Commentaires (1) | Tags : jazz, new orleans, doc caloweb, nino ferrer | | | Facebook | Imprimer | |
19/05/2012
Un moment avec Michèle Bernard Tranches de scènes n° 10
(Des nuits noires de monde Ivry 2011 ©NGabriel)
En passant ce moment avec Michèle Bernard et ses invités, en évoquant St Julien Molin Molette, je me suis dit que j'aimerais bien que l'option karma me propose (mais y a pas urgence) une réincarnation en accordéon de Michèle Bernard, à défaut en orgue de Barbarie, mais il paraît que le karma, c'est pas à la carte, on prend ce qui nous échoit, ou ce qui nous déchoit, imaginez que tel grand personnage brillant ici bas se retrouve ver de terre ou asticot … Je ne pense à personne en particulier, quoi que si … Un mégalo comme Mickael Vendetta réincarné en asticot... Bon, laissons cette réjouissante perspective, et voyons ce numéro 10.
Michèle Bernard a dû naître sous le signe constellation, les aventures musicales collectives, l'esprit de troupe, de création en tribu foisonnante, c'est son illustre cirque du vent, toujours prêt à embarquer quelques étoiles amies dans ses ballades nomades. Et comme dans toute constellation, les lumières clignotent avec plus ou moins d'intensité selon la saison, mais elles sont là …
On va donc retrouver au gré de cette ballade, le compagnon de musique des premiers tours de piste, Michel Grange, et j'ai ce privilège (au bénéfice de l'âge ou au détriment de l'âge) de les avoir entendus dans les années 73-75, dans une sorte de MJC Roannaise, ensuite, c'est le voyage avec tous les explorateurs des chemins de traverse, des sentiers parfois tortueux, mais jamais formatés par les ukases du marketing musical. Dans la foulée d'Anne Sylvestre, on va partager quelques moments rares, avec Véronique Pestel, Jeanne Garraud, Katryn Wal(d)teufel, Claudine Lebègue, Lalo, Barbara Thalheim, Hélène Grange, Michèle Guigon, Marie Zambon, Sophie Gentils, Anne Sila, Rémo Gary, Entre deux caisses, Allain Leprest, Patrice Kalla, Michel Grange, Christopher Murray, Frédéric Bobin, Gilles Chovet, Claude Lieggi, et le groupe Evasion, plus l'orgue de Barbarie du magicien Mathis...
Depuis quelques années Michèle Bernard enrichit son panorama comme St Julien Molin Molette refait le sien en transformant ses anciennes usines de textiles en ateliers à musiques, à peintures, à chansons, à livres, tous en synergie pour enfanter un peu de beauté humaine*.
Et c'est vers une création élargie à tous les publics, tous les âges, que Mimi de St Julien poursuit sa ballade de saltimbanque protéiforme.
Voilà ce qu'on découvre dans ces deux heures autour de Michèle Bernard, délicatement vidéoscopée par Eric Nadot,merci m'sieur-dames pour cette belle histoire.
les sites à voir :
http://www.michelebernard.net/
http://www.chanson-net.com/tranchesdescenes/index.htm (Tranches de scènes)
http://www.evasion-vocal26.com/
*Et salut à Pierre Barouh.
Norbert Gabriel
09:56 Publié dans Blog, Musique | Lien permanent | Norbert Gabriel | Commentaires (0) | Tags : michèle bernard, anne sylvestre, tranches de scènes, st julien molin molette | | | Facebook | Imprimer | |
18/05/2012
Les Primitifs du Futur
EN JUIN, SUIVEZ LES CONCERTS DES PRIMITIFS DU FUTUR:
Les activistes du world musette et de la joie de faire danser la vie en swing de toutes les couleurs refont quelques tours de manège printanier.
Avec dans le tribal team à 9 têtes, Daniel Colin, Dominique Cravic, Jean-Michel Davis, Vincent Segal, Mieko Miyazaki, Fay Lovsky, Daniel Huck, Claire Elzière, Jean-Philippe Viret.
Comment raconter un concert des Prim'duF? Peut-être à la manière de Prévert, vous mettez dans le saladier -un grand saladier- les ingrédients musicaux cueillis dans les jardins de Duke Ellington, de Count Basie, d'Henri Salvador, de Ray Ventura et de Cab Calloway, laissez infuser un certain temps, rectifiez avec quelques pincées de Balajo et de Gus Viseur, et servez dans des grands verres, à consommer sans modération.
Et en route pour la joie de vivre, c'est recommandé à tous les âges.
Et où c'est-y que ça se passe ?
Voilà, voilà:
Le 7 juin : Esplanade du Musée d’art moderne de Paris
de 19h30 à 21h30 sur la terrasse du musée.
Autour de l’exposition Crumb "De l'Underground à la Genèse"
et le 21, 22 & 23 juin : Duc des Lombards Paris 1er
(réservez c'est plus prudent)
Qu'on se le dise, urbi et orbi ...
Norbert Gabriel
20:27 Publié dans Blog, Musique | Lien permanent | Norbert Gabriel | Commentaires (0) | Tags : musique, primitifs du futur, cravic, daniel colin, swing musette | | | Facebook | Imprimer | |