14/11/2012
Arthur Crudup, Suite Doc Caloweb et le rock
Lors de la dernière conversation, le Doc a cité une anecdote fort déplaisante, et dans le feu de la discussion, très enlevée et très énergique, le nom du principal intéressé a été oublié. Mais un lecteur érudit en matière de blues est venu à point pour compléter l'histoire. Jacques Vassal, c'est l'érudit en question, vient de publier
"LE PAYS OU NAQUIT LE BLUES" (d'Alan LOMAX traduit par Jacques VASSAL)
un ouvrage de référence en la matière, nous y reviendrons prochainement.
grâce à lui, les faits sont rétablis en totalité. Voici la notice biographique d'Arthur Crudup.
Arthur "Big Bill" Crudup (1905-1974)
Arthur Crudup vient au blues de façon tardive puisqu'il n'apprend vraiment la guitare qu'âgé d'une trentaine d'années, ce qui ne contribuera pas à faire de lui un virtuose de l'instrument mais suffira à accompagner sa voix puissante et à composer quelques classiques du blues tel que "That's All right", "Mean Ol' Frisco Blues", "Rock Me Mama" et quelques autres.
Vers 1940, il quitte le Mississippi pour Chicago ou, après des débuts plus que difficiles, il signe et enregistre pour RCA quelques Blues et Rythm & Blues.
Au milieu des années 50, le blues rural de Crudup ne fait plus recette et il décide de retourner dans son Mississippi natal ou il se produit le soir et enregistre à l'occasion pour des labels comme Chess ou Ace.
Son nom réapparaît en minuscule en 1954 quand Elvis Presley grave pour Sun Records un version enflammé de "That's All right (Mama)" qui lui ouvrira les portes de la gloire. Presley enregistrera également "My Baby Left Me" et "So Glad You're Mine" sans que Crudup ne touche un cent de royalties, tout juste Elvis lui offrira-t-il, dans sa grande générosité, la plaque du disque d'or de "That's All right (Mama)".
Loin du succès du futur "King", Crudup continue néanmoins son chemin, quelques enregistrements inégaux et concerts dans les clubs et lors de festivals lui assurant quelques revenus qui ne l'empêcheront pas de mourir dans la misère en 1974.
Quelques disques :
- "Mean Ol' Frisco", une compilation plutôt bien faite ou des titres moins connus cotoient "Mean Ol' Frisco" ,"That's Alright"et "Rock Me Mama".
- "Complete Recorded Works", pour les inconditionnels, quatre volumes couvrant une période entre 1941 et 1954.
Cette note biographique disponible sur le web ne précise pas que Presley a déposé, sous son nom une chanson qu'il n'avait pas composée. Ce qui était la raison de l'ire de Doc Caloweb.
Une précsion sur ce vol: ( par Flovia le Dim)
Crudup s’est souvent plaint que ses chansons aient rendu célèbre un "homme blanc", mais c’est surtout du fait qu’il n’a jamais perçu aucune royaltie. Pour lui, c’était non seulement une question d’argent, mais aussi de respect. Elvis Presley a semble-t-il eu quelque torts dans cette histoire, néanmoins Lester Melrose, beaucoup plus.
Arthur était en effet rémunéré de 75 à 200 $ par titre après chaque session, point final.
Pas de droits d’auteur, ni aucun pourcentage perçu sur les ventes (à l’instar de la majorité des bluesmen de l’époque!).
Lorsque John Carter s’est penché sur le sujet afin d’obtenir un statut honorable concernant les droits d’auteur d’Arthur, le décès de Melrose a fortement compliqué l’affaire, tous les droits et obligations de ce dernier ayant été revendus à un label "major".
Deux avocats se seraient succédés pour démêler l’affaire, l’épilogue, au goût amer, ayant voulu que Crudup décède dans la misère, avant d’avoir touché le moindre sou.
Plus d'infos ici http://www.aupaysdublues.com/t561-arthur-crudup
21:43 Publié dans Blog, Musique | Lien permanent | Norbert Gabriel | Commentaires (1) | Tags : blues, crudup, presley, rock | | | Facebook | Imprimer | |
05/08/2012
Mon top des tops !
Cette fois, c'est sûr, mon super hyper méga top dans la chanson de l'année, et sans doute des années à venir, c'est « Country » de la sémillante Carmen. Qui doit être une disciple plus ou moins consciente de la Carmen de Bizet, une de ces brunes qui ont dans les gènes quelques traces de Calamity Jane, de Louise Michel, d'Olympes de Gouges ou une de celles que Juliette évoque dans ses rimes féminines :
Vivre encore colombe ou rapace,
Écrire chanter ou faire des passes:
Marie Dubas (Carmen Maria Véga...)
Carmen et Max (Muzik'elles 2011)
car c'est à cette Carmen-là, la Maria Véga, qu'on doit une « Country » insolente et très marrante. Et sans doute très vraie, voilà pourquoi : depuis quelques temps, le French Rock se parfume volontiers l'expression artistico-musicale des couleurs de l'anglaise langue, c'est devenu tendance, car la dance est le nec plus ultra de la variété showbizz qui devient invariablement un sous-produit musical bien usiné pour que ça « dance »... Donc que ça baragouine en moldo-valaque, en patois aborigène de Wallis et Futuna, en iroquois ou en néo-breton mâtiné d'auvergnat, qu'importe le sens pourvu qu'on ait le son. Pour ça, une bonne grosse batterie boite à rythme, un sampler, et on a l'essentiel de la logistique. Plus une guitare électrique, évidemment. Lancer le boum-boum-boum fortissimo, jouer 4 notes qu'on va sampler et répéter 40 secondes à chaque fois, quelques onomatopées YAW-YAW-YAW répétées 15 à 20 fois et on a à peu près l'ambiance globale de ce que j'ai subi pendant 90 mn lors d'une soirée FNAC Live. Outre le fait que le chanteur chantait en anglais de Pézenas ou de Brive la Gaillarde, il y avait un batteur qui a réussi l'exploit d'être aussi impersonnel qu'une boîte à rythme. Very ImPressionnant !!! Comment j'ai pu tenir 90 mn dans ces conditions ? Grâce à la Country de Carmen. Vers le 3 ème couplet …
Je suis passée à la télé
Je voulais faire chanteuse
Tous des vendus, tous des tarés
A part ma manageuse
J'voulais faire du rock'n roll
Mais elle m'a dit : chérie
Le rock'n roll c'est pourri
Toi tu feras d'la country
Tous des tarés, tous des salauds
Sauf mon imprésario
Tous des toqués, tous des menteurs
A part mon producteur
Un jour il m'a dit chérie
ça suffit le français
Fais plutôt comme on te dit
Faut qu'tu chantes en anglais
All des tarés, all des suckers
But not my manager
Tous des crazy motherfucker
A part mon publisher
Du coup, chaque fois que des néo-rockers qui bafouillent des minauderies en english yaourt me proposent leur ersatz new rock, j'ai la Country de Carmen en contre-chant narquois, ou en antidote. Et je trouve à ce concert un côté comique qui n'a sans doute pas été voulu par les promoteurs. Une précision en passant, je n'ai pas une allergie sectaire à l'anglo saxon, je continue de vénérer Joan Baez, Patti Smith, Jim Morrison, Bob Dylan, ou Gary Jules dont le « Mad world » n'a pas besoin de sous titres ou de gestuelle stéréotypée pour générer des émotions fortes... Ah oui, j'avais oublié la gestuelle, il n'y a pas que les 4 notes qui sont samplées, il y a aussi le geste répété ad libitum... A part faire sautiller le public grâce au boum-boum-boum de la batterie DCA (Dance Club Academy?) ça raconte quoi ? Rien ! On est pas là pour s'enrichir les oreilles mais se trémousser du popotin, en discutant avec les copains-copines-voisins et faisant péter les canettes de bière.. Après deux groupes qui nous infligent à peu de choses près la même boum-boum-bouillie sonore, (j'avais raté le début) arrive la Grande Sophie, lumineuse et radieuse, et le public est resté dans la foulée des sautillements précédents ; je ne suis pas sûr qu'une partie de ce public, venu parce qu'il y avait du monde ? se soit rendu compte du changement. Une partie, mais quand même... Là où je suis, au pied de la scène, sur le côté, la foule est dense, il y a les fans, et les occasionnels, ceux qui sont là pour les groupes précédents, qui sont restés, qui réagissent par réflexe quand ça pulse assez fort, mais dès qu'il y a une chanson un peu intimiste, ça décroche... Ils seront portés par l'enthousiasme général , ils diront sûrement qu'ils ont passé une soirée formidable ; c'était plein de copains, il faisait bon, mais ont-ils vraiment écouté « Suzanne »... pour « Ne m'oublie pas » c'est dansant, alors on danse, mais on a bien dansé aussi sur « La danse des canards »... En faisant une sorte de panoramique arrière, une ou deux chansons avant la fin, je longe les côtés et le fond de l'esplanade, là où on voit les écrans grands comme deux timbres poste, et là, au vu des monceaux de canettes et des boites vides, j'ai le sentiment qu'on a beaucoup arrosé les chansons mais pas vraiment écoutées. Et j'entends comme un écho rigolard, la voix de Nino Ferrer dans une de ses tranches de vie et de spectacle :
Ils sont assis comme des veaux parmi les papiers gras
Ils sont remplis de merguez, de frites et de coca
Des canettes de bière, des tomates, des melons
Moi, je me sens tout seul sous le feu des projecteurs
Pendant que le spectacle avance à toute vapeur
Ils écoutent la musique comme on regarde passer les trains
Et moi j'avance de plus belle, à grands coups de décibels
Pour garder dans mon théâtre tous ces bovins opiniâtres
Qui vont de l'autre côté parce que c'est mieux éclairé...
Mais tout n'est pas toujours si noir, le lendemain, j'avais programmé Dominique A et Arthur H, et arrivant assez tôt, histoire de pouvoir me placer pas trop loin, j'ai bénéficié de 30/40 mn avec le groupe Revolver, un autre de ces frenchies rock group qui chante en anglais, mais c'est du bon rock, et le fait qu'ils chantent en anglais ne me gène pas. Est-ce une coïncidence ? Mais le public sera particulièrement réceptif ensuite à Dominique A et Arthur H et à leur musicale francophonie... Ensemble très riche avec Dominique A, guitare Fender exacerbée et hautbois/flûtes, très bien servis par une rythmique qui sonne humain. Comme Arthur H, généreux, tonique, expressif dans cet heureux mélange de chansons qui font sonner la langue française sans concession mercantile aux modes dance-rock plus ou moins frelatées. Bilan partagé sur ces deux soirs, mais globalement positif, grâce à la Grande Sophie, Dominique A et Arthur H...
©NGabriel 2012
Le nom d'un des groupes vient de me revenir, le nom sonne comme le principe musical du sample... ou du bégaiement, on répète, au cas où ce crétin de public ne capterait pas à la première audition.... Mais en un sens, c'est honnête, on est prévenus... Pour vous laisser sur quelque chose de ludique, voici les deux chansons évoquées plus haut, ça met du fun dans les oreilles.
http://www.youtube.com/watch?v=GgpiW_xbqGc
http://www.youtube.com/watch?v=96FI08UaFcI
Pour plus de musique des artistes cités:
http://www.carmenmariavega.com/
http://www.lagrandesophie.com.fr/
Norbert Gabriel
Last but not least, comme disait Shakespeare à Johnny H,
Tous des toqués, tous des vauriens
A part mes musiciens
Tous des cocus, tous des fumistes
A part les journalistes
A part les journalistes (c'est bin vrai ça ...)
et bien entendu, la photo de Nino Ferrer est un hommage à Carmen(cita) Maria Vega. Merci Nino...
12:51 Publié dans Blog, Musique | Lien permanent | Norbert Gabriel | Commentaires (1) | Tags : country, carmen maria vega, nino ferrer, dominique a, arthur h, rock | | | Facebook | Imprimer | |
29/02/2012
Rock Rebellitude ...
Rock rebellitude et Régécolor...
Le monde bouge, le monde avance, et les grandes idées finissent par s'imposer. Alléluyah !
Il fut un temps où le rocker pur Harley and chaine de vélo se peignait la banane aux reflets gomina new âge , et laquage dans la masse.
Et pour les écononiquement faibles de la crinière, il y a des postiches disponibles sur le marché. Et que ça rolle in the hair, youpi pour le bigoudi si on veut faire dans le look frisouillé, mais en général, le rocker est plutôt roots and boots, ray ban et Stratocaster. Du costaud qui sonne. Sans concession aux mignardises émollientes, le rock c'est du roc. Et le rocker un mec qui en a dans le solid body !
Les temps ont bien changé, le rockeur 2012 se doit de faire le djeun, et le djeun n'a pas de cheveux blancs, (ou pas de cheveux du tout, la boule à zéro a aussi ses adeptes, sans doute des sinistrés de l'ukase « Cheveux longs et idées courtes » ce qui laisserait entendre que la longueur du cheveu est préjudiciable à la floraison des idées. Ce qui n'implique pas automatiquement non plus que le cheveu éradiqué façon Hiroshima est la garantie d'un cerveau en éruption permanente de génie créatif … Rions un peu en passant, dans « créatif » il y a « Tif » ce qui tendrait à montrer que le cheveu est un élément essentiel du bouillon de création culturelle... La preuve ? Léonard de Vinci. De création, ou de force, la preuve, Samson. D'onction divine, la preuve, les rois francs depuis Clodion le Chevelu. De génie littéraire, la preuve, les sorbonnards chevelus par tradition.
Ou PPDA … Qui est annoncé comme postulant à un siège d'académicien... Pas la StarAc, l'Académie Française, celle de Victor Hugo, Lamartine, Pierre Benoit, Paul Claudel, André Maurois, Pagnol, Edmond Rostand , Cocteau, Anatole France, Paul Valéry, Joseph Kessel, Henri Troyat, François Mauriac, Julien Green, Léopold Sédar Senghor, Marie-Joseph Chénier, Marguerite Yourcenar, Jules Romains, André Chamson, Nicolas Boileau, Alfred de Musset, François Coppée, José-Maria de Hérédia, Jean Racine, Pierre Corneille, Charles Perrault, Châteaubriand, Pierre Séguier qui fût le premier titulaire du fauteuil numéro 1 en 1635 et aujourd'hui en 2012, pour le 40 ème et dernier siège voici Patrick Poivre d'Arvor. Pour vous, je sais pas, mais moi je trouve que c'est vraiment tiré par les cheveux, ou que ça fait comme un cheveu sur la soupe. Revenons donc à nos cheveux.
On voit donc d'étranges mutations capillaires qui ne doivent rien à Tchernobyl ou Fukushima, mais qui doivent tout à l'Oréal, la valeur sûre des temps modernes.
Exemple voici deux images d'un même musicien, à gauche « Avant » à droite « Après »
entre les deux la potion magique qui vous fait le brushing plus djeun pour être vu à la télé. Quand je dis brushing, c'est une façon de parler...
Ça se passe sur TF1, pour l'émission The Voice, et ça me semble assez facultatif pour faire avancer la chanson sur les sentiers de la gloire. mais je dois être de mauvais poil ...
Norbert Gabriel
Last but not least, un coup d'oeil sur la bête de rock, la légendaire Stratocaster:
laquelle Stratocaster semble avoir bénéficié elle aussi de cette lotion magique, dont voici l'origine
Ratanhia: Le colorant se trouve dans des racines séchées brun rougeâtre et très épaisses. La plante est originaire des Andes boliviennes et péruviennes, dites «Rathania du Pérou."
Nom scientifique: Krameria triandra Ruiz et Pavon. Famila: Krameriaceae
00:48 Publié dans Blog, Musique | Lien permanent | Norbert Gabriel | Commentaires (2) | Tags : rock, stratocaster, bertignac, the voice | | | Facebook | Imprimer | |