09/03/2013
Jean Ferrat, « le charme rebelle »
Depuis le 13 mars 2010, plusieurs livres nous ont raconté Ferrat, chacun apportant un regard particulier sur Jean des Encres et Jean des sources, le poète d'Antraigues sur Volane, l'humaniste battant jamais résigné qui ne capitule pas devant les disciples d'Anastasie.
Ce qui fait le charme de ce livre signé Raoul Bellaïche, c'est que le lecteur devient non plus un spectateur devant la scène, mais une sorte de compagnon de voyage qui partage un parcours commencé dans les scènes de cabarets, tout le monde le sait, mais qui est moins linéaire qu'on peut l'imaginer depuis son entrée marquante dans l'écran télé en 1961... (merci Denise Glaser) On le suit, on rencontre les copains, la famille, les camarades de scène, les amis pour la vie, et on se sent un peu de ceux-là. On croit tout connaître ou presque de Jean Ferrat, pourtant il y a encore des choses à affiner. Sur l'homme, sur l'artiste, sur son exigence, et son intransigeance dans le respect des droits moraux de l'artiste. Son dernier combat après plusieurs années de procédures judiciaires a été de faire adopter les dispositions qui donnent un droit de regard à l'auteur sur l'exploitation de son oeuvre. C'était en 2006. Eviter par exemple de voir apparaître dans une compil' « Nuit et brouillard » à côté de « Nazi rock » au motif que ces deux chansons auraient trait à une même période... .
Raoul Bellaïche est un expert méticuleux des histoires de chanson qui prend soin vérifier toutes les versions d'une anecdote. On découvrira le point de vue de Daniel Guichard sur « Mon vieux » et ça mérite attention. On voit aussi que les relations de Ferrat avec la télévision ont toujours été compliquées, y compris avec Chancel, et ne parlons pas de ce directeur qui a mis aussi Francis Lemarque au ban des écrans de la télé. Le seul à n'avoir pas eu trop de soucis sur ce plan est Drucker.
Ne faisons pas la liste de tout ce qui fait l'intérêt de ce livre, ce serait long, je retiens simplement ce sentiment d'être un témoin qui accompagne, plus qu'un lecteur distancié, et sans avoir bu un coup au bistrot de la place d'Antraigues, « Les amis de la montagne » on a dans la bouche le goût de cette horrible piquette qui faisait des centenaires à ne plus que savoir en faire.. »
C'est l'histoire, et la vie d'un chanteur, auteur, compositeur qui n'a jamais esquivé son état d'artiste embarqué dans le tourbillon des jours, pas comme un galérien asservi mais comme un marin qui choisit et tient son cap sans désemparer, résolu à traverser les intempéries vent debout s'il le faut.
Dans ta voix Galopaient des cavaliers Et les gitans étonnés
Levaient leurs yeux de bronze et d'or
Si ta voix se brisa Voilà bientôt trois ans...
Mais elle résonne toujours comme un tocsin, celui du chant des hommes.
Ce charme rebelle, c'est aussi un beau portrait de Christine Sèvres, intègre, fragile, passionnée, magnétique, interprète hors du temps, trop humaine peut-être ...
Jean Ferrat, « Le charme rebelle » par Raoul Bellaïche, Editions l'Archipel/
Pour la bande son,
http://www.jukebo.fr/jean-ferrat/clip,federico-garcia-lor...
03:18 Publié dans Blog, Musique | Lien permanent | Norbert Gabriel | Commentaires (0) | Tags : ferrat, le charme rebelle, raoul bellaiche; | | | Facebook | Imprimer | |
27/08/2012
Valse Romani...
Une valse à 3 temps..
Premier tour
Au printemps de quoi rêvais-tu?
Vieux monde clos comme une orange,
Faites que quelque chose change,
Et l'on croisait des inconnus
Riant aux anges
Au printemps de quoi rêvais-tu?
Au printemps de quoi riais-tu?
Deuxième tour
On m'a dit tes idées ne sont plus à la mode
Quand on veut gouverner ce n'est pas si commode
Il faut évidemment s'adapter au terrain
Mettre jour après jour un peu d'eau dans son vin
On m'a dit dans la jungle il faut qu'on se débrouille
On est bien obligé d'avaler des magouilles
De laisser dans un coin les projets trop coûteux
On va pas tout rater pour des canards boiteux
Troisième tour
La porte du bonheur est une porte étroite
On m'affirme aujourd'hui que c'est la porte à droite
Qu'il ne faut plus rêver et qu'il est opportun
D'oublier nos folies d'avant quatre-vingt-un
Ils ont dit qu'il fallait se montrer réaliste
Qu'il y avait du bon dans les journaux racistes
Qu'il fallait nettoyer ce cher et vieux pays
Si l'on ne voulait pas qu'il devienne un gourbi
Epilogue
Quand j´étais jeune on me racontait que bientôt viendrait la victoire des anges
Ah comme j´y ai cru comme j´y ai cru puis voilà que je suis devenu vieux..
Le chant n´est pas moins beau quand il décline
Il faut savoir ailleurs l´entendre qui renaît comme l´écho dans les collines
Nous ne sommes pas seuls au monde à chanter
et le drame est l´ensemble des chants
Monsieur le Président François,
Dans le contexte de cette journée du 27 Août, j'ai l'étrange sentiment d'avoir fait un grand bond en arrière, dans une époque que je croyais révolue, celle où les forces de l'ordre dit républicain allaient détruire des campements de miséreux sans que la Justice, laissons lui encore une majuscule de principe, ait prononcé ses attendus. Serions-nous retombés à la défaveur du mois d'Août dans une période de régime autoritaire que nous pensions être loin de France ? En revisitant quelques chansons nées en d'autres temps, peut-être des temps de gouvernements qu'on pourrait qualifier de droitisants, il s'avère que ces refrains de chansonnettes impertinentes ont des échos parfaitement en situation avec le temps présent. Le temps d'un changement maintenant. Mais pas ici semble-t-il. Ou alors j'ai mal compris ce qu'on m'a expliqué ? Moi, citoyen je croyais ne plus voir ces dérives sarko-fascistes, moi citoyen, j'ai cru qu'on allait chercher une solution pour les Roms, et non des expédients expulsifs, moi citoyen, j'ai cru qu'on allait se pencher pour de bon sur la question des énergies polluantes, moi citoyen, je commence à me demander s'il n'est pas plus confortable de se faire cocufier par le monde libéral que par des faux amis, moi citoyen, j'ai fait un mauvais rêve, il m'avait semblé que le mois de Mai était porteur de promesses, je crois qu'elles sont du même tonneau que celles de temps d'avant, elles n'engagent que les imbéciles qui y croient. Moi citoyen imbécile, je ne sais plus très bien où aller, mais je crains que ce ne soit pas sur le chemin qui se dessine. Que vous dessinez.
Avec l'expression de mes sentiments respectueusement déçus, je laisse à Christine Sévres un point de vue, que je partage.
Le soleil brille pour tout le monde
Quand, à la Méditerranée,
On s' donne la main, on fait la ronde.
Et chacun peut en profiter.
Faudrait voir à pas mélanger
Les torchons avec les serviettes,
Le caviar et la vache enragée,
Les clochards avec les starlettes.
Moi, j'dis qu' l'hiver a pas l' même goût
Selon comment on le regarde.
Moi, j'dis qu' l'hiver a pas l' même goût
A Megève ou sous l' pont de Saint-Cloud.
Norbert Gabriel
Autre point de vue d'un témoin, Qu’est-ce qui caractérise cette expulsion d’Evry ?
« Nous n’avions jamais vu d’expulsion à la veille d’un procès, même sous Nicolas Sarkozy. Là, malgré la directive du Premier ministre, les maires refusent de discuter sérieusement avec les associations. Pour l’instant, le "changement" nous renvoie en arrière. La mairie nous réoriente vers le préfet, vers la Croix rouge, vers l’Etat… On nous tient le même discours qu’à l’époque Sarkozy. »
Avec l'amicale participation de Jean Ferrat (et Aragon)
« Au printemps de quoi rêvais-tu, La porte à droite, Epilogue »
Avec Christine Sèvres, « Point de vue »
PS : Quand j´étais jeune on me racontait que bientôt viendrait la victoire des anges...
Comme les lendemains qui chantent, pour le moment il y a beaucoup de fausses notes.
Post-scriptum 2: et voici maintenant cette déplorable affaire Aurore Martin, qui renvoie à des échos de temps pas très anciens de collaborations assez détestables... Sombre Novembre ...
21:13 Publié dans Blog, Musique | Lien permanent | Norbert Gabriel | Commentaires (2) | Tags : rom, expulsion, ferrat, christine sèvres, evry, hollande | | | Facebook | Imprimer | |
19/03/2012
La Bastille reprise et rendue en bon état...
Il était 17 h, et avant le discours de Mélenchon, un héraut trompette pour annoncer …
Attention, ça va commencer ...
Trompettes de la renommée, vous êtes très bien embouchées...
Mais avant vers 14 h quelques jeunes créatures gracieuses et dansantes abordent le passant,
Tu veux ou tu veux pas?
d'autres font de l'intergénérationnel et en chantant, la femme est l'avenir de la république...
On s' donne la main, on fait la ronde. Et chacun peut en profiter.
et elles se sont mobilisées très jeunes, car la valeur n'attend pas le nombre des bougies sur le gâteau,
On nous dira qu’on a tort de chanter
La fraternité et la liberté,
Que tout cela ne sert à rien,
Que ce n’est pas encore pour demain
Et pourtant dans le monde
Les enfants nous répondent
Et pourtant dans le monde...
et à ce sujet, en parlant d'anniversaire, il y en avait un qui avait du monde autour de lui,
J’suis trop petit pour me prendre au sérieux
Trop sérieux pour faire le jeu des grands
Assez grand pour affronter la vie...
et tout ça était très souriant, plein de regards complices, dans une bonne humeur générale,
Gracias à la vida, merci l’existence
Pour chaque musique, pour chaque poème
Pour le chant des peuples qui brisent leurs chaînes
Pour le chant d’un seul qui brise le silence
Et devient pour tous un chant de délivrance.
avec comme un air de Révolenchon pour des lendemains qui chantent,
Même si c’est moi qui chante
À n’importe quel coin de rue,
Je veux être utile
À vivre et á rêver.
et tout ça sous le regard intéressé et du Leïca de la presse internationale et photographique,
Le monde a la beauté du regard qu'on y pose
Le jardin de Monet, le soleil de Renoir
Ne sont que le reflet de leur vision des choses
Dont chacun d'entre nous peut être le miroir
et avec le sourire d'une autre jeune Marianne d'une France battante,
Celle qui ne possède en or que ses nuits blanches
Pour la lutte obstinée de ce temps quotidien
Du journal que l’on vend le matin d’un dimanche
A l’affiche qu’on colle au mur du lendemain
Ma France
et en coda,
Amis soyez toujours l'ombre d'un bateau ivre
Ce vieux rêve têtu qui nous tenait debout
Peut-être vivrons-nous des lambeaux d'avenir.
Les chansons étaient de Brassens, Zanini, Christine Sèvres, Moustaki, Higelin, Herbert Pagani, Julien Clerc, Yves Duteil, Jean Ferrat, et pour la coda, Jean Vasca.
Photos ©NGabriel 18-3-2012
Post-scriptum, entre les drapeaux, les canettes rouges Coca (et non coco) il y avait comme un souffle qui murmurait entre Nation et Bastille,
Vous êtes là êtes-vous là?
Grand Guy, Jacquot, Riton, Paula
Julien la mouche et Petit Lu
Frangins que l’absence traverse
Etes-vous là? Vous êtes là
Dans vos guenilles de gala
Le smoking de vos trente-cinq heures
Pauvre bistrot bel opéra
Je reviens suspendre mes bras
A vos cous de merles moqueurs
avec deux "L", allez, salut Allain, sacré coco...