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06/08/2019

Jean et Django, Sablon et Reinhardt

 

Django Sablon regards.jpg

Dans sa vie fantasque de manouche libre, Django a eu peu d'amis hors du milieu familial élargi. Des compagnons attachants comme Emmanuel Soudieux, une relation contrastée avec Grappelli, plus fondée sur l'estime et le respect que sur l'affection... Mais il y a eu Jean Sablon, un de ces amis fidèles sur qui on peut compter jour et nuit. Quand il est un peu perdu aux States, dans cet étrange nouveau monde auquel il ne comprend pas grand chose, c'est à Jean Sablon qu'il téléphone une nuit, pour qu'il lui apporte une vraie guitare... Une Maccaferri-Selmer.

sablon crooner.jpgLeur amitié est née dans les années 33-34, Jean Sablon, crooner célébrissime découvre le duo Reinhardt-Grappelli, et il voit tout de suite ce que peut apporter cette musique fine et ludique, pour faire un contrepoint aux big-bands cuivrés qui sont la règle quand un chanteur célèbre grave des disques, des 78 tours, un produit de luxe pour lequel les maisons de disques veulent assurer le meilleur sur le plan commercial. Quand on a Jean Sablon, The Voice avant Sinatra, on met le paquet. Et quand on a 3' ou 3'20 sur une face, on la remplit ras bord de Jean Sablon. C'est dire si les maîtres de maisons de disques sont surpris, voire horrifiés, quand Sablon leur amène un duo de musiciens à cordes, un peu connus dans le jazz, et par dessus le marché, Jean Sablon veut une plage musicale de 20 à 30 secondes de solo guitare... Est-ce Dieu possible d'avoir à supporter de ces caprices d'artistes aux idées saugrenues.

Mais … si Jean Sablon est un bon garçon, bien élevé, courtois, il a de la suite dans les idées, il a déjà imposé le micro en concert contre toutes les règles en usage, et ça a marché. Mais... Jean Sablon, c'est la super star du moment, et peut-on refuser quelque chose à une super star ? Voilà comment Sablon et Django vont enregistrer quelques merveilles, de ces moments de pur bonheur qui ensoleille les chansons. Il faut aussi rappeler que Django jouait dans les bals pour gagner sa vie, mais le jazz c'est surtout pour le plaisir, il découvre qu'on peut vraiment s'amuser, et être payé. Etre bien payé.. Pour faire la fête musicale avec un vrai pote, le rêve...

Django swing  2.jpgDans d'autres enregistrements, il sera moins convaincant parce que moins convaincu. Avec Jean on se marre, écoutez cette guitare malicieuse et narquoise dans cette bluette « Rendez-vous sous la pluie » où Sablon force le trait de l'amoureux un peu niais qui se fait berner par sa belle... L'instrument dialoque avec le chanteur, on voit l'oeil de Django qui pétille, et lui le taciturne qui s'exprime souvent en monosyllabes, c'est avec sa guitare qu'il joue le comparse moqueur, et c'est délicieux. Henri Crolla reprendra cette forme de dialogue guitare-voix avec Montand, ils ne sont pas nombreux à avoir excellé dans cette complicité totale d'hommes et de musiciens. Une des plus réussies, est à mon avis « Cette chanson est pour vous madame » , mais commençons avec ce rendez-vous sous la pluie, ensuite une ballade musicale si le coeur vous en dit, à travers les chansons.

studio 2.jpgAuparavant, un détail à préciser, pour enregistrer les 78 T dans ces années 193-40, un seul micro, tout le monde se met autour, plus ou moins près selon la puissance de l'instrument, une galette de cire chaude, et on grave en une fois; si on rate on recommence tout. Les musiciens et le chanteur sont ensemble. En groupe serré.

 

 

 Et maintenant, musique !

 

sous la pluie.jpg« Pourquoi m'avoir donné rendez-vous sous la pluie »

 

Ou la tragicomédie de l'amoureux trouvant un lapin au lieu de la belle espérée; et ça vous fait rire ?


 

(Si vous n'êtes pas passionné par les jeux musicaux entre Sablon et Django, allez poser une oreille sur Nane Cholet, en bas, c'est une belle découverte, par ses chansons.)

Reprenons, voici le meilleur de Django avec Sablon . (Les illustrations en images dans le clip sont montées par Heinz Becker·)

Toutes ces chansons ont été enregistrées entre 1933 et 1937, dans la joie et un bonheur collectif, après, c'est devenu plus pro, pas moins intéressant, mais différent.

 

 « Cette chanson est pour vous madame »

le plus bel exemple d'un accompagnement de haut niveau, complice, coloré, inventif, une vraie histoire d'amour.

avec Jean Sablon (vcl) Stéphane Grappelli (vln); D Reinhardt (g); Joseph Reinhardt (g); Louis Vola (b)  18 octobre 1935- Columbia, Paris


 

« Darling je vous aime beaucoup »

 

Jean Sablon (vcl) Stéphane Grappelli (vln) Alec Siniavine (p) Django Reinhardt (g) joseph.jpg Joseph Reinhardt (g); Louis Vola (b)  18 octobre 1935- Columbia, Paris

Sur la photo, le fidèle Joseph, excellent musicien, passionné de lutherie, et toujours aux côtés de Django.

Sur la vidéo qui précède et celle-ci, vers la 10 ème seconde, il y a une photo du Quintette, avec Emmanuel Soudieux à la contrebasse, on trouve très peu de photos de Soudieux sur le web


 

 

Les deux chansons suivantes sont avec le même ensemble, duo piano guitare. avec Jungo Reinhardt, orthographe d'époque comme on avait eu Jean-Got Renard en 1928.

« Un baiser »

Jean Sablon (vcl) - acc. by Garland Wilson (p);"Jungo" Reinhardt (g) - Paris, 11 janvler 1935 - Columbia

 

 

« The continental »

Jean Sablon (vcl) Garland Wilson (p) Django Reinhardt (g) 11 janvler 1935 - Columbia, Paris


 

« La dernière bergère »

 

Jean Sablon (vcl) Alec Siniavine (p); Django Reinhardt (g) 7 janvier 1935- Columbia, Paris

 

 

« Par correspondance »

 

Jean Sablon André Ekyan (cl); Alec Siniavine (p); Django Reinhardt (g)

19 avril 1934- Londres


 

 

germaiine sablon.jpgAutre exercice, Jean Sablon, avec sa soeur Germaine Sablon , dans cette série l'orchestre est plus fourni, la guitare plus discrète mais il y a quelques traits fulgurants.

 

 

« Un amour comme le nôtre »

 

Germaine et Jean Sablon (vcl)

André Ekyan (cl); Alec Siniavine (p); Django Reinhardt (g); Louis Vola (b or acc)  17 mai 1935 - Gramophone, Paris

 

 

« La petite île »

 

Germaine et Jean Sablon (vo) André Ekyan (cl); Alec Siniavine (p); Django Reinhardt (g); Louis Vola (b or acc) 17 mai 1935 - Gramophone, Paris


 

eliane  de creus.jpgJean Sablon duo avec Eliane de Creus

 

«Parce que je vous aime »

 

Eliane De Creus et  Jean Sablon avec  Michel Emer (p); Django Reinhardt (g); Max Elloy (dm)
14 mars 1933- Paris

 


 

« Je sais que vous êtes jolie »

  Accompagnsé par Alec Siniavine André Ekyan et Django Reinhardt

 

 

Germaine Sablon dans ses chansons en solo. (vo) - acc.par Michel Warlop et son Orchestre:  Roger Grasset (b); Alix Combelle (ts); Michel Warlop (ldr); Charles Lisée (bars); Maurice Chaillou (d); Marcel Dumont (tb); Michel Warlop (vln); André Ekyan (cl); Maurice Mouflard, Pierre Allier (tp); Alain Romans (p); Amédée Charles, André Ekyan (as);
Django Reinhardt (g)

13 novembre1934- Paris

 « Deux cigarettes dans l'ombre »


 

« Je voudrais vivre »

 Germaine Sablon (vcl) Michel Warlop et son Orchestre: id ci dessus. 13 novembre1934- Paris

 

 

« Tendresse waltz »

Germaine Sablon (vcl) Michel Warlop et son Orchestre, Pierre Allier, Maurice Moufflard, Nöel Chiboust (tp); Marcel Dumont, Isidore Bassard (tb); André Ekyan (cl & as); Amédée Charles (as); Alix Combelle (ts); Charles Lisee (bs gnd as); Stéphane Grappelli (p); Django Reinhardt (g);

 


 

« Celle qui est perdue »

Germaine Sablon (vcl) Michel Warlop et son Orchestre: Nöel Chiboust (tp); Marcel Dumont (tb); Isidore Bassard (tb); Charles Lisee (cl, as); André Ekyan (cl, as); Amédée Charles (as, ts); Alix Combelle (ts); Stéphane Grappelli (p); Django Reinhardt (g); Roger Toto Grasset (b); McGregor (dm); Michel Warlop (arrangment & leader)
26 février 1934 - Paris

 

 

« La chanson du large »

 même orchestre le 16 mars 1934

 

 

 

Et la surprise du jour, une chanteuse à redécouvrir, drôle, grave, comédienne et tragédienne qui a choisi un ensemble resserré, un trio au meilleur de sa forme.

Nane Cholet

Nane_Cholet.jpgAucune image identifiée sur la toile, mais les amateurs experts réagissent à la vitesse de la lumière, 2 mn après un SOS web, Serge Joseph et Catherine Cour ouvrent les pistes, merci.

Elle était la femme de Jean Tranchant, avec qui elle a chanté en duo, mais ses chansons avec le trio Django-Grappelli-Vola sont des chefs d'oeuvre. Chaque fois un vrai spectacle, et une belle partie de guitare, très beau son, très beau «  dialogue »

Elle n'a chanté que durant la période d'avant-guerre, puis sous l'Occupation, avant de se consacrer exclusivement à sa vie de famille.

 

 

«Quatre joyeux farceurs »

Stéphane Grappelli (vln); Emil Stern (p); Django Reinhardt (g); et Jean Tranchant (vcl)
2 Septembre 1935 - Paris

 

 

«Si j'avais été »

avec une jolie ambiance blues, et René Ronald (p); Django Reinhardt (g); Louis Vola (b) Mai  1935 - Paris

 


« Fièvre »

 Stéphane Grappelli (p); Django Reinhardt (g); Louis Vola (b)

 

 

 

« Ainsi soient-ils »

Stéphane Grappelli (vln ); Django Reinhardt (g); (g); Louis Vola (b) Emile Stern (p)
12 septembre 1935 Paris

 

 

 

 

Mais il peut y avoir aussi un exemple de rendez vous manqué, de manque de direction d'orchestre et manque de swing...

 

 yvonne louis.jpgYvonne Louis

 

« Au grand large »

 

Yvonne Louis avec,

Stephane Grappelli (vln); Michel Emer (p); Louis Vola (acc) Django Reinhardt (g) 12 mars 1936  - Paris

 

 

(NB : dans cette chanson où la guitare est très en retrait, voire sans conviction, on peut se rappeler que parfois Django se faisait remplacer par Joseph, tout aussi doué, mais peut-être moins charismatique, soit Django n'était pas convaincu par la chanteuse, peu swing, et il a fait le minimum syndical, soit il s'est fait remplacer par Joseph, qui a assuré ce minimum.. Quelles que soient les raisons, on est loin de l'inspiration et de la complicité avec Sablon. )

 

Django echoes of span.jpget pour finir avec Django solo, cette improvisation

 

« Echoes of Spain »

 quand la Selmer Maccaferri se fait andalouse...

On peut remarquer que le son de cette guitare acoustique n'a rien à voir avec de nouveaux émules de Django adeptes d'un jazz mitraillette aux sons ferraillants. Ici, on a le temps de voir les paysages, (comme disait Sarane Ferret)

 

 

 

et quelques Bonus Django, si vous en voulez un peu plus;

 - 1 - en trio avec Baro Ferret et Soudieux, prise de son impeccable  Paris, 30.06.1939

« I'll See You In My Dreams » -


 

 

- 2 - avec de très rares images où on voit Django jouer

 

"J'attendrai"  Swing 1939 live django reinhardt,jean sablon,nane cholet,germaine sablon

 

http://www.youtube.com/watch?v=aQVVD0b-wBg

(ce lien ne s'ouvrant pas automatiquement, faire copier-coller)

 

Ici avec la Selmer Maccaferi équipée d'un micro Stimer sur la rosace, vraisemblablement en 1948 ou 50. Et chez lui.

 

 

 Dernière heure, Août 2015, dans cette chanson un vrai dialogue voix guitare entre Django et Nane Cholet..   Belle découverte..


Norbert Gabriel

10:24 Publié dans Blog, Musique | Lien permanent | Norbert Gabriel | Commentaires (2) | Tags : django reinhardt, jean sablon, nane cholet, germaine sablon | | |  Facebook |  Imprimer | | | |

22/08/2015

Freddy Taylor, Django, Stéphane et les autres

 

En attendant de retrouver Doc Caloweb dans la saga de ses souvenirs, suivons la route des quatre chansons dans la vie musicale des années 30 et du jazz à la française, que les américains venaient partager à Paris... 

Dans un précédent tour d'horizon avec Django et Jean, Reinhardt et Sablon, quelques belles pépites ont montré les liens étroits que le jazz entretenait avec la chanson, et surtout la complicité rieuse, amicale qui faisait une fête des séances d'enregistrement. Un rappel : en ces temps anciens, on gravait la musique sur des galettes de cire, un seul micro, tout le monde autour, on arrivait au top de son art, et en 3 mn c'était emballé. Sinon on recommençait tout.

 

Freddy Taylor 1=rec 21-08-2015 19-40-03.jpgOn peut imaginer qu'on avait répété avant, qu'on avait joué, au sens ludique, et ça s'entend souvent dans la guitare chantante de Django quand il accompagne son crooner préféré. Mais il n'y a pas eu que Sablon dans la vie musicale de Django, le jeu avec un chanteur lui a plu puisque d'autres invités ont été conviés et ce qui change de ses participations avec Sablon, où il était la cerise sur le gâteau, c'est qu'il devient, avec Grappelli le maître du jeu, celui qui reçoit, qui invite, et il choisit bien ses partenaires. Freddy Taylor sera un des plus présents au cours de ces années de plus grande création du Quintette du Hot Club de France.

 

Dans ce premier morceau, Freddy salue ses compagnons... « Django's muggin, Stephen's muggin »   dont on ne sait exactement le sens, mais un private joke très codé est plus que probable... et pas forcément avouable..

I'se A Muggin'

 

 

I'se A Muggin', Django Reinhardt et le Quintette du Hot Club de France, Stéphane Grappelli (v); Django Reinhardt (g solo); Joseph Reinhardt, Pierre "Baro" Ferret (g); Louis Vola (b); Freddy Taylor (vo) Paris 04.05.1936

 

 

 

Un des plus beaux exemples de cette fusion entre chanson et guitare c'est Georgia in my mind, et les deux guitaristes d'accompagnement sont deux pointures du genre, Joseph Reinhardt et Baro Ferret.

 

Django Reinhardt et le Quintette du Hot Club de France, Stéphane Grappelli (v); Django Reinhardt (g solo); Joseph Reinhardt, Pierre "Baro" Ferret (g); Louis Vola (b); Freddy Taylor (vo)  15  Octobre  1936- Gramophone, Paris

 

Et quelques autres beaux moments de chants et de jazz..

I Can't Give You Anything But Love

 


 

(Django Reinhardt & Freddy Taylor -  Paris, 04.05.1936)

 

 

Shine


 

(Django Reinhardt - Freddy Taylor -Paris, 15.10.1936)

 

After You've Gone

 


 

(Freddy Taylor & Django Reinhardt - 4 Mai 1936 - Gramophone, Paris (Django Reinhardt et le Quintette du Hot Club de France, avec Stéphane Grappelli (v); Django Reinhardt (g solo); Joseph Reinhardt, Pierre "Baro" Ferret (g); Lucien Simoens (b); Freddy Taylor (vo) )

 

 Django et ses amis américains,

 

I Ain't got nobody


 

Avec Freddy Taylor (voix); Benny Carter (saxophone alto , trompette); Frank "Big Boy" Goudie (saxophone ténor, trompette, clarinette); Coleman Hawkins (saxophone ténor ); Bill Coleman, Arthur Briggs (trompette); Dicky Wells (trombone); Rex Stewart, Barney Bigard (clarinette); Larry Adler (harmonica); Stéphane Grappelli (violon, piano); Eddie South (violon); Garnet Clark (piano).

 

 Autre moment Blue drag,  il n'y a pas Freddy, mais quelle superbe guitare ! (Une des Selmer-Maccaferri,  LA guitare du jazz français)

 


 

NB : contrairement à ce que disaient quelques gentils médisants, Grappelli ne s'est pas fait noter Grappelly par snobisme anglophile, mais pour qu'on prononce son nom correctement, et pas Grappellaye... D'ailleurs ses autographes de l'époque – on en voit un sur vidéo- signent Grappelli. A l'italienne.

 

Norbert Gabriel

 PS: la Selmer née Maccaferri, c'est elle !  (ici celle de Crolla, la 453)

django,django reinhardt,freddy taylor

 PS2  Pour les fans de guitare, l'histoire, et le rôle des Maccaferri-Selmer dans le jazz français, c'est là:

http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/un...

 

 

 

11:03 Publié dans Blog, Musique | Lien permanent | Norbert Gabriel | Commentaires (7) | Tags : django, django reinhardt, freddy taylor | | |  Facebook |  Imprimer | | | |

08/06/2013

Doc Caloweb et les photos...

Dans une digression entre jazzeries et blues du Delta, une histoire de photo est arrivée sur la table, entre le Jim Beam et un café amélioré façon brûlot du bayou (dans un café fort, on verse le cognac flambant dans lequel on a fait mariner les zestes d'une orange, d'un demi-citron, puis on ajoute 1/2 cuillère à café de canelle, et du sucre roux, on touille délicatement et on boit de même, c'est du hot-hot) sont venues quelques histoires de photos, celles de Jo Baker la superbe, et des d'autres plus ou moins en situation. Mais il y en avait une particulièrement savoureuse, ou scandaleuse. Avant, on a parlé de la guitare de Django, celle qu'on voit très souvent, et qu'il n'a pratiquement jamais utilisée.


Consultons notre expert, Duke Paddington.

django a fausse.jpgDepuis que les disques se sont décorés d'images attractives pour le chaland, on a vu quelques belles réalisations, et quelques remarquables horreurs et/ou erreurs. En voilà déjà une, sur le plan erreur, cette image est une escroquerie, belle photo de studio, mais à ma connaissance, à part un ou deux concerts aux USA, en 1946, (dont un enregistré, le 10/11/1946) Django n'a jamais joué ou enregistré en France avec ce genre de guitare, SA guitare, c'est la Maccaferri-Selmer, dont il a testé tous les modèles, pour se fixer sur le modèle « petite bouche », que voici, ici avec un micro Stimer.

 

Django selmer.jpgMais les maquettistes qui font les pochettes de CD ne sont pas plus éclairés que ceux qui faisaient les décorations des 45 t ou de 33t. Ça ne manque pas d' horreurs hors sujet, avec des totales méconnaissances du propos et du contenu de l'album, témoin ce 45t qui se voulait un hommage à « Notre ami Django », avec 4 titres dans la plus pure tradition du jazz manouche, joué avec des guitares Maccaferri-Selmer, et voilà le décor choisi par un maquettiste pour qui une guitare est forcément espagnole dans le fond et la forme. Une sorte de ruine provençale ou andalouse, c'est kif-kif, notre ami django.jpgpourtant le titre « Place de Broukère » c'est pas tellement méridional, mais la géographie, est-ce bien utile pour faire des illustrations sur des disques. Et « Minor Swing » ou « Djangologie » n'ont rien à voir avec les Gypsies Kings.

 Mais ces anecdotes ne sont que des bricoles anodines de béotiens à côté de ce qui suit. Dans les années 60-70, apparaît une superbe chanteuse américaine, Dionne Warwick … Voici son premier 45t publié en France 

 

Dionne Warwick  blanche.jpg

Belle fille n'est ce pas ? Chez Columbia un label prestigieux, pas des amateurs rigolos... Un détail vous gêne ? La robe courte ? Elle n'a même pas de chaussures ? C'est vrai, il y a un autre menu détail qui gêne, Dionne Warwick, c'est elle :

pano dionne.jpg

D'où la question, dans la chaîne qui a suivi l'édition de cette pochette « The empty place » maquettiste, directeurs, chefs de ceci ou cela, aucun ne savait que Dionne n'était pas châtain-roux ? Et un peu afro-américaine... Une troupe d'imbéciles, ou alors mettre une fille trop bronzée indélébile, ça dérangeait dans ces années obscures ?

 

Une dernière pour la route, qui est à l'origine de ce bavardage... Voyons la pochette :c'est pour toi.jpg

Cette pochette est un cas d'école, à part le titre qui correspond à l'esprit de la musique, on se demande ce qui a bien pu passer dans la tête du maquettiste pour mettre cette simili BB collée au mur... Mystère .. ou alors elle écoute le musicien qui serait de l'autre côté du mur ? Possible... mais le mieux est à venir, quand on lit les titres, il y en a 11... Bon. Mais quand on écoute l'album, il y a 13 plages. Etonnant non ? Et dans les deux titres qui ont disparu du générique il y a le premier, ce qui fait que pendant des années, de 1960 à 1995, on a donné des titres erronés aux airs qui figurent sur cet album. En fait, les deux titres disparus sont les premiers de chaque face.

crolla le long.jpgCet album « Henri Crolla et sa guitare" a été ré édité en 2002/2003 dans la belle collection Jazz in Paris, avec tous les titres remis à leur place, grâce aux recherches d'Alain Tercinet, on trouve les musiques de cet album dans « Le long des rues » double album qui regroupe les 3 vinyles « Le long des rues » « C'est pour toi que je joue » et « Bonsoir chérie » avec quelques bonus inédits des musiques pour le cinéma. Moments de studio rares et émouvants.

 

Dernier point à souligner, quand on écoute le vinyle, il est évident pour un observateur un peu mélomane que le premier titre, une sorte d'air classique romantique, ne peut être « Porte de Choisy » qui est à l'évidence le deuxième, un blues lent mélancolique, qui renvoie à l'enfance de Crolla dans la zone de la porte de Choisy. Ce que Colette Crolla a confirmé, le premier, on l'appelait « l'air de Simone » (Signoret) c'est « Ô guitare » une mélodie dans le style musique de chambre des marquises en crinoline, enfin quelque chose comme ça, rien à voir avec les musiques voyoutes du Balajo, ou des guinguettes de Nogent.

C'est dans ces guinguettes que "Rico" Crolla jouait à 12/13 ans avec le "Jazz Crolla" un petit combo familial, peut-être qu'il jouait sur son banjo ces quelques notes souriantes qui ressemblent tellement à Henri Crolla (Ici avec sa guitare, la Selmer-Maccaferri 453, que voici en personne...)

 

henri crolla,dionne warwick

 http://www.youtube.com/watch?v=ewBh3XachbI (Je cherche après Titine)

 

 

 

 

 

17:27 Publié dans Blog, Musique | Lien permanent | Norbert Gabriel | Commentaires (1) | Tags : henri crolla, dionne warwick, django reinhardt, selmer-maccaferri | | |  Facebook |  Imprimer | | | |