25/05/2020
Jazz à la Chope ..
C'est là où on s'en ressert volontiers quelques tournées, des bien servies des belles cuvées de ce jazz dit manouche qui nous laisse toujours la tête et le corps en fête . Une fête joueuse et joyeuse généreusement partagée dans laquelle chaque inconnu est un ami qu'on ne connait pas encore. *
Revenons à la genèse de ce goût immodéré pour ce Jazz aux Puces. C'était en un temps où Didier Lockwood faisait la tournée des bars et des jams impromptues avec les groupes invités par les différents bars restaurants des Puces de Clignancourt .. Et un public extrêmement diversifié se donnait rendez-vous en Juin pour un grand week end de musique. Dans ces rendez-vous privilégiés, pour ma part, le Relais des Brocs et La Péricole. Au Relais des Brocs plusieurs années de suite, j'ai vu des mômes ravis danser au pied d'Aurore Quartet, à La Péricole, ce furent les retrouvailles régulières avec des personnages haut en couleurs comme évadés d'un film de Minelli sur un air de Gershwin... Un temps révolu, la disparition de Lockwood a été la fin de Jazz aux Puces. Mais ..
La Chope des Puces est intemporelle depuis les années où Django, Crolla et la fine fleur de la guitare s'y retrouvaient. Et après 81 jours d'abstinence de scène vivante, voici que la musique est descendue dans la rue et le passage qui jouxte la Chope des Puces. Lior et Ezéckiel Krief Maxime Bousquet, et leurs amis ont régalé le public entre 14h30 et 17 h … En différentes configurations, avec un égal bonheur. Comme on le voit sur la photo, il y a 3 guitares, type Maccaferri Selmer, celles de Django, Henri Crolla, les frères Ferret , Oscar Aleman, Francis Moerman … dont on peut lire parfois qu'elles ont un son ferraillant, mais avec ce trio, c'est un son très propre, onctueux, élégant, du swing champagne sans une once d'acidité ferrailleuse. Ce qu'on peut entendre avec Henri Crolla et sa Selmer 453 de 1938, et voici le son Henri Crolla,
Et voici les guitares, Selmer et micros Stimer
Il y avait un peu de tout ça, la joie de vivre, la poésie et le swing, des gens heureux de vivre ce moment, parents, grands parents et enfants unis par une même gourmandise musicale avec les frères Lior Krief et Ezeckiel Krief , Maxime Bousquet et leurs invités, Steven Reinhardt (guit) Alban Chapelle et Michel aux cuivres …
Après vous avoir alléché – j'espère – voici la bonne nouvelle, ils reviennent la semaine prochaine, même lieu mêmes heures … La météo est optimiste, c'est à deux pas de Paris, que demander de plus ? Des photos, en attendant..
Merci à Lola la petite danseuse enthousiaste et à Elise
avec la musique https://www.facebook.com/maxime.bousquet/videos/101589475...
et pour quelques photos de plus ...
*... chaque inconnu est un ami qu'on ne connait pas encore.. Adaptation du proverbe irlandais,
« Un étranger est un ami qu'on ne connait pas encore. »
Norbert Gabriel
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17/12/2017
Histoire d'une chanson, dans les plaines du Far West, ou comment Montand était aussi en partie « auteur » dans la construction de son répertoire chanson...
Version initiale (Trouvée by internet, je ne garantis la totale authenticité..)
Tout le long du jour sur leurs beaux chevaux Ya oh !
Bingue bongue ! bingue bongue ! ils lancent des lassos
Ils font le tour dans le soleil chaud Ya oh !
Ils s'en vont toujours sans trêve ni repos
mais quand sont parqués les grands boeufs noirs
Ah comme il est bon de se revoir
Refrain :
Dans les plaines du Far-West quand viendra la nuit
Les cow-boy dans le bivouac sont réunis
Près du feu, sous le ciel de l'Arizona
C'est la fête aux accords d'un harmonica
Et leur chant, plein d'amour et de désir
Dans le vent porte au loin des souvenirs
Dans les plaines du Far-West quand viendra la nuit
Les cow-boy dans le bivouac sont réunis
Ils sont de New-York ou de Chicago Ya oh !
Bingue bongue ! bingue bongue ! ou du Colorado
Ils faut les voir le jour du rodéo Ya oh !
Par les cornes saisir le plus fort toro
Mais quand le jour tombe à l'horizon
Loin de la douceur d'une maison
Dans les plaines du Far-West quand viendra la nuit
Les cow-boy dans le bivouac sont réunis
Près du feu, sous le ciel de l'Arizona
C'est la fête aux accords d'un harmonica
Et leur chant, plein d'amour et de désir
Dans le vent porte au loin des souvenirs
Dans les plaines du Far-West quand viendra la nuit
Les cow-boy dans le bivouac sont réunis
Dans les plaines du Far-West quand viendra la nuit
Les cow-boy dans le bivouac sont réunis
Près du feu, sous le ciel de l'Arizona
C'est la fête aux accords d'un harmonica
Mais bientôt sous la lune aux rayons blancs
Dos à dos et fermant les yeuxd'enfants
Dans les plaines du Far-West quand vient la nuit
Les cow-boys dans le bivouac sont endormis
Et maintenant voici comment Montand l'a chantée, dans ses derniers shows essayez de suivre avec la version première..
et la version sobre 1959, plus simple,
Et pour le premier enregistrement vers les années 46-47, très sensiblement différente de la version initiale c'est le moins qu'on puisse qu'on puisse dire..
Dans une petite discussion récente sur FB, le sujet des interprètes dans la chanson a amené Montand au centre du débat, indirectement avec une vidéo dans laquelle une intro parlée intriguait les participants. Montand avait gardé cette chanson emblématique dans ses spectacles, en faisant une sorte de sketch en presqu'autodérision dans les années 80.
Mais il est peut-être bon de revenir sur la genèse de cette chanson qui montre le formidable instinct de Montand dans son approche et ses choix.
1940-41. Il est un débutant marseillais qui se cherche entre Trenet Chevalier et Fernandel, son premier nom de scène Trechenel est un condensé de son premier répertoire puisé dans celui de ces trois vedettes. Ça démarre très vite , mais il comprend immédiatement qu'il lui faut des chansons à lui. Dans ces années 40, et depuis son adolescence il est fasciné par le cinéma américain et les westerns, et il veut une chanson western. Son premier manager l'envoie rencontrer un auteur et un compositeur marseillais, qui n'ont pas grand chose à lui offrir, mais Montand sait leur raconter son univers western, l'un des deux Charles Humel est aveugle, et n'a jamais vu de western, et pourtant ils lui font cette chanson cartoon qui sera son premier succès. (Prix du disque 47)
C'est aussi dans ce contexte que Montand casse tous les codes vestimentaires en vigueur, il avait au début une sorte de tenue très fantaisie, en rapport avec son répertoire, mais à cause d'une interpellation moqueuse d'un titi marseillais il change tout, plus de veste à carreaux, cravate, il garde la chemise et le pantalon sombre, marron, en quelque sorte l'équivalent de la petite robe noire de Piaf, qu'il ne connait pas encore. En quelques mois, le débutant a compris comment il va se faire un répertoire, et trouvé la tenue de scène qu'il gardera pour les grandes années music hall 45-60. Décisions personnelles sans aucun conseiller.
Edith Piaf lui fera passer quelques étapes avec la suggestion d'oublier le répertoire américain, et en facilitant le contact avec d'autres auteurs. Dont Prévert. Et la rencontre avec Prévert est aussi symptomatique de la vista de Montand en matière de chanson. Prévert va lui présenter une chanson qu'il pense faite pour lui « la chanson des cireurs de souliers » il avait demandé à Henri Crolla de fair une musique sur ce texte assez acrobatique, et Crolla a composé une musique jazzy tout aussi acrobatique, Montand découvre cette chanson avec enthousiasme, et bien que très impressionné par Prévert, il n'hésite pas à suggérer une modification de la fin de la chanson*, que Prévert accepte volontiers. Montand fera souvent des propositions, que les auteurs acceptent, car il a un sens inné de la chanson, et de son impact. Comme avec « Du soleil plein la tête » en modifiant l'ordre des strophes. Et parfois en suggérant quelque chose de totalement inattendu, Barbara dit sans musique, ou en demandant de faire une chanson du texte de Gébé... Parfois, il a eu besoin de s'appuyer sur les conseils de Simone, de Bobby, ou de Crolla (qui a insisté avec succès pour « Mon pote le gitan ») mais globalement ses choix étaient justes.
Montand a poussé très loin le soin de mettre en scène ses chansons, certaines demandaient un travail de mise au point d'une exigence extrême, des heures de travail pour le coup de cymbale dans « Battling Joe » des heures de travail pour les mouvements de danse, ou une jonglerie....
Le débat avait été initié par une observation sur Johnny Hallyday, interprète, pour arriver à Montand, et en conclusion, une réflexion récente de Johnny qui resitue très bien ce qu'ils ont été l'un et l'autre, comprend qui peut,
Une chanson est une bonne chanson quand on ne se force pas à la chanter. Je me suis beaucoup forcé.
Norbert Gabriel
* La chanson des cireurs des souliers" devient "Les cireurs de souliers de Broadway" et la fin suggérée par Montand est très différente de l'originale. Cette chanson ayant été déposée dans la version Montand, on ne connait donc pas la fin avec la musique qui l'accompagnait, les archives de Crolla ayant disparu...
19:34 Publié dans Blog, chanson, Musique | Lien permanent | Norbert Gabriel | Commentaires (3) | Tags : yves montand, johnny hallyday | | | Facebook | Imprimer | |
31/03/2016
Lettre ouverte aux Trois Baudets
Depuis plusieurs années, les mêmes situations produisent les mêmes effets, des spectateurs déçus en sortie de spectacle où l'absence de lumière les a privés de voir ce qui se passe devant le micro... donc, un état des lieux est à faire, ici, c'est une salle qui a en principe les moyens de nous en mettre plein la vue, ce qui arrive parfois, mais pas forcément comme on le voudrait...
Chers amis asiniens,
Depuis quelques années, parmi les spectateurs fréquentant régulièrement ce lieu mythique, les récriminations à la sortie sont récurrentes sur un point essentiel dans la qualité d'un spectacle, la lumière. Peut-être vous a-t-il échappé que lorsque nous allons en salle découvrir un artiste, c'est pour l'entendre, et le voir. La chanson, dans le spectacle vivant, c'est son ET lumière. Pour être précis, quelques spectateurs sans doute chafouins pensent qu'il est bon que les lumières éclairent les artistes par devant, et non pas par derrière. Nous ne doutons pas de la grâce de leur postérieur, mais c'est surtout le côté face qui nous intéresse, en général. Et sur ce point, il y aurait des choses à redire. Est-ce une tendance nouvelle de faire des éclairages qui montrent le décor, les rideaux, en oubliant les saltimbanques qui sont devant le micro ? A moins de considérer qu'ils ne sont que les accessoires secondaires du show ? Si je vais dans une salle de spectacle, en principe c'est pour voir tout ce qui se passe sur scène, je sais, c'est un peu primaire comme approche, mais bon, la question est légitime n'est-ce pas ?
Je vous fais grâce des moments pénibles pour les spectateurs des rangs médians qui ont eu souvent une sorte de projecteur laser partant du fond de la scène, au ras du sol pour arriver droit dans les yeux de 30 ou 40 personnes qui ont la garantie d'être aveuglées pour une ou deux minutes. Menues facéties qui ont découragé pas mal de monde de se risquer dans la salle, sauf à se placer derrière les piliers, mais dans ce cas, autant rester chez soi, et écouter l'album dans son fauteuil favori.
Un exemple de ce qu'on voit le plus souvent, ou qu'on ne voit pas ? Voilà... Une batterie de projos en fond de scène, est-ce bien raisonnable ?
Il faut préciser que cette image est représentative de ce qui se passe sur la plupart des spectacles, avec témoignages de spectateurs constants sur ce point. Et d'artistes parfois très connus qui sont sortis de la salle assez malengroins, j'ai des noms.
Vous me direz que par les temps qui courent, il y a des sujets de préoccupation plus importants, c'est pas faux. Mais comme on me le disait dans mes jeunes années, tout ce qui mérite d'être fait mérite d'être bien fait. Si la chanson a quelque importance dans ce monde qui boîte, autant lui donner un peu de lumières, les feux de la rampe, c'est fait pour ça.
Lis, persiste et signe,
Norbert Gabriel
14:16 Publié dans Blog, chanson | Lien permanent | Norbert Gabriel | Commentaires (0) | | | Facebook | Imprimer | |