Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

28/04/2012

Première "Journée internationale du Jazz" lundi 30 Avril

Transmis par Doc Caloweb, qui revient de vacances...

 

L'UNESCO lance lundi la première édition de la "journée internationale du jazz". Tous les ans, on fêtera le genre musical le 30 avril. Herbie Hancock participera aux festivités.
Crédits photo : Herbie Hancock / ABACA

C'est en novembre dernier que l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) a proclamé l'instauration d'une "Journée internationale du Jazz" le 30 avril. La première édition aura donc lieu ce lundi dans le monde entier. L'idée est de reconnaître « les vertus [du jazz] comme outil éducatif et comme force de paix (...) de dialogue et de coopération renforcée entre les peuples ».

A Paris, au siège de l'UNESCO, le coup d'envoi a été donné ce matin avec une série de master-classes, tables rondes, cours d'improvisation et autres activités liées au jazz. « Lors de ma master-class, je vais montrer comment la soul est devenu jazz, présenter les techniques de projection de la voix. Je veux montrer comment la musique, le jazz en particulier, amène la paix, en rapprochant les gens et les cultures dans un siècle cruel », indique la chanteuse de soul Nicole Slack-Jones à l'Agence France Presse.

Les festivités musicales, débuteront elles, lundi au lever du soleil… à la Nouvelle Orléans (États-Unis), la ville-berceau du jazz. Un concert spécial à Congo Square, quartier historique de la ville sera donné aux premières lueurs du jour. Herbie Hancock (Ambassadeur de bonne volonté de l'Unesco), Diane Reeves, Terence Blanchard, Ellis Wynton Marsalis y participeront notamment.

Lundi soir, c'est à New York, au siège de l'ONU que le jazz swinguera. Herbie Hancock aura eu le temps de traverser le pays, Dee Dee Bridgewater, Diane Reeves, Romero Lubamo, Esperanza Spalding, Angelique Kidjo ou encore Zakir Hussain seront là.
 
Steven BELLERY

11:41 Publié dans Blog, Musique | Lien permanent | Norbert Gabriel | Commentaires (0) | Tags : jazz, musique, unesco, herbie hancock | | |  Facebook |  Imprimer | | | |

29/02/2012

DJAZZERIES 4 Etymologies (suite)

 Conversations avec Doc Caloweb

 

jazz.jpg

Depuis pas mal d'années, on glose sur l'origine du terme « Jazz » avec des variantes multiples, selon culture et sources, ça part dans des directions très différentes, consultons donc le Doc sur ce point linguistique et phonétique...

 

«... Ah ça en fait jaser cette histoire … Pour les gens du French Quarter, c'était « jaser » qui a donné  jazz, ça se peut, il y a de la parlotte musicale en un sens, on part d'un air connu, et ça s'envole en impro... Mais on a d'autres versions, plus piquantes, avec l'argot des esclaves qui est devenu une sorte de langage codé que le white ne soupçonnait même pas. Il devait se dire qu'on n'avait le cerveau assez développé pour faire de l'humour. C'est comme ça qu'on a eu un langage sous terrain assez épicé pour être totalement imperméable aux gens de la bonne société.

 Et ça a duré longtemps, tiens une histoire assez récente, enfin, dans les années 80, memphis slim.jpgMemphis Slim était en tournée en Europe, depuis plus de 20 ans il vivait en France, et en tournée quelque part dans le Nord, je crois que c'était en Belgique ou en Hollande, parmi les invités il y avait le consul des USA. Qui est venu la gueule en cul de poule demander à Peter – oui, c'était son nom Peter Chatman- en fait son premier pseudo, en vrai c'était John Len Chatman, oui donc, le consul se ramène avec sa blonde peroxydée façon Jean Harlow, et demande à Peter de lui dédicacer un morceau, et tu sais ce qu'il a fait ? Il lui a dit je viens de composer un morceau, c'est la première fois que je vais le jouer, le titre « If You see Kay … » tu parles s'il était ravi le con.. sul,  faut te dire que c'était au moment où il fallait faire des cordons de police pour que les premiers étudiants coloured puissent entrer dans les grandes universités white only. Tu saisis pas l'astuce ? T'es pas le seul, alors voilà, en anglais le « F » se prononce « If » le « U » se prononce « You » et le « K » c'est ' »Kay' » suffit de mettre les lettres à la suite ... balaise hein ?? F.U.C.K... Des trucs de ce genre, il y en a eu, tu peux me croire, surtout au Cotton Club avec Cab Calloway, il leur en a fait gober des djazzeries à la bonne société qui venait s'encanailler, et qui ne comprenait pas les sous entendus du black slang très épicé.. et jazz, il y eu une autre explication, ça peut venir de jass, en quelque sorte tirer un coït, ou tirer un coup comme vous dites... Why not ? Jelly Roll Morton, on pouvait aussi se poser la question, du jelly .. le jelly roll, c'est un gâteau roulé à la confiture, un standard des doudouceries patissières, lui c'était Ferdinand Joseph Lamothe, son beau-père s'appelait Mouton d'où Morton, il se disait « inventeur du jazz. » sacré Ferdi ! Pour le jelly, c'était peut-être son côté chaud lapin, hot rabbit, parce que jelly, comment dire ? C'est pas que de la gelée de groseilles. You see ? Oh darling, I've good jelly for you...

 

jelly roll.jpgFerdinand il était plus créole qu'africain, il était plus de genre à jouer du piano dans un salon chic que bricoler un banjo dans les cabanes des bas quartiers.. Mais bon, ça l'empêchait pas de courir la gueuse comme tout bon musicien de jass … et de distribuer sa jelly en rag time très endiablé.

C'était un type assez détestable, mais un grand musicien, ça on peut pas dire le contraire, il a pas inventé le jazz, mais il a fait le buzz comme on dit aujourd'hui, et pour ça il était doué. C'est le chaînon entre le rag de Scott Joplin et le jazz libre qui a suivi. Le rag c'était assez rigide comme structure, il a aéré, allégé, laissé la place à l'improvisation, c'était passionnant pour nous, les musiciens autodidactes, il préparait des arrangements, c'était nouveau. Il a bien ouvert la route aux bigs bands.

Tiens pour le gâteau roulé à la confiture, il y a une autre version, « Jelly Roll was black slang for the female genitalia » dit-on aux States... Et en français j'aime bien l'abricot ... en confiture ... aussi …

 Pour les histoires des noms, faut dire que si on connaissait le nom de la mère, c'était le plus souvent très flou du côté du père. Héritage des temps de l'esclavage, quand les belles négresses se faisaient engrosser par le maître, elles évitaient de le dire aux enfants, pour qu'ils n'aillent pas réclamer une part d'héritage... au péril de leur vie qui ne valait que le prix de la marchandise qu'ils étaient. Donc l'état civil était très incomplet, et le nom venait le plus souvent du côté d'un ami du père. Mais on trouvait des indications dans les documents religieux*

Je sais ça, parce que mon frère avait fait des recherches, c'était un mec sérieux lui, à vouloir faire avocat, pour un nègre en 1915, tu vois un peu … La question ne s'est pas posée, il est mort en 1917 en France, quelque part en Lorraine... Il pensait qu'on avait une dette envers les français depuis La Fayette. Il était pas mauvais au cornet, mais la vie de musicien, c'était pas son truc, trop de mauvaise vie, tu vois … Pendant longtemps, le jazz, c'était la musique des bordels, jouée par des macs et chanté par des demi-putes, c'est ce qui se disait dans la bonne société, qui n'hésitait pas à venir se donner le frisson ... quand même … et quand on voyait Jelly Roll avec une fille à chaque bras, et son diamant à la place d'une dent, on pouvait se poser la question. Tu comprends pourquoi le vocabulaire est très codé obsédé sexuel … Tu me diras que vous les français, vous n'êtes pas à la traine non plus … D'autres sources disent « jasm » qui aurait dérivé en jass et jazz... Jasm, ça veut dire vitalité, d'autres disent que ça vient de chasse-beau, une danse, et aussi des jazzbelles, qui seraient des Jezabel comme la pute de la Bible … Va savoir, ce qui est sûr, c'est que tous les peuples surtout les peuples de la rue inventent des langages en couleurs, du brut de pavé, vert de langue, et pour ça les africains ne sont pas en retard, pour rester dans le sujet, enfin dans les gros mots recolorés, j'aime assez ce que disent les africaines de l'Ouest qui font le tapin à leur compte, sans mac, leur petite entreprise, elles l'appellent « faire boutique mon cul » c'est marrant non ?? je me demande ce que ça pourrait faire en anglais, ass-store ?? on pourrait dire « fesse market »... en novlangue...

(Une question vient éclairer un point intrigant: la très bonne connaissance du Doc de la langue verte et française, sur ce point, les explications feront l'objet du prochain entretien, en attendant, terminons l'épisode)

 

Mes parents et leurs parents, c'étaient des nègres de maison, ceux qui servent et gèrent la maison, rien à voir avec les nègres des champs, ces moins que rien, nous oncle tom.jpgaussi on avait notre racisme, pas question qu'un nègre de maison, bien habillé et qui savait se tenir aille s'acoquiner avec des nègres des champs. Dans les maisons, même si c'était interdit, les nègres apprenaient à lire et écrire, des esclaves supérieurs... Et on a toujours été instruits, enfin, pour des nègres... Et puis j'ai toujours été un type curieux, qui a toujours eu envie d'aller voir de l'autre côté de la montagne, et puis il y avait un vieux toubib qui venait soigner les filles, et qui avait des livres, et comme j'étais un des seuls à savoir lire autre chose que la Bible, j'ai découvert des trucs très exotiques, comme Les misérables, exotique, mais ça me parlait... c'est peut-être aussi pour ça que j'ai eu envie de venir en France au lieu d'aller vers la Californie... Ça me plaisait assez de me trimballer avec un gros livre qui n'était pas la Bible... Un gros livre et mon banjo... Tout mon bagage... Finalement, c'est bien de voyager léger...

à suivre …                   

                                                                          propos recueillis par Norbert Gabriel ©1998-99

 

*pour Jelly Roll, ses parents étaient F. P. Lamothe and Louise Monette (écrit Lemott et Monett sur son certificat de baptème). Eulaley Haco (de son vrai nom Eulalie Hécaud) était sa marraine. Voilà comment on fait de vrais américains. Sur sa plaque tombale: Ferdinand Morton,   Jelly Roll.

tombe jelly roll.jpg

 

 

 

23:41 Publié dans Blog, Musique | Lien permanent | Norbert Gabriel | Commentaires (1) | Tags : jazz, memphis slim, jelly roll morton | | |  Facebook |  Imprimer | | | |

14/02/2012

Robert Johnson

Djazzeries Le blues de Robert Johnson,

 

C'est un de ces musiciens mythiques qui a fait un passage météore dans le monde du blues. Le temps de créer sa légende. Quand on en a parlé, avec le Doc, j'ai eu un doute, sur son récit, les années en question, il m'avait bien expliqué qu'il vivait une riche aventure de spectacle en Europe, et qu'il n'avait jamais remis les pieds aux States . Alors ? On aura la réponse plus tard, pour le moment, le fabuleux Robert Johnson, légende du blues. 1911-1938 .

 

« Celui-là, c'est une énigme, ou un prodige de la musique. Il avait dans les 20 ans, il jouait de l'harmonica, mais il voulait jouer de la guitare, mais quand il en avait une, c'était sauve qui peut tout le monde. Et puis un jour, il disparaît, 2 ans, et on le voit revenir avec une guitare, et là, ce foutu bâtard jouait comme un dieu... Ou comme un diable... Quand on lui a demandé, il a répondu, c'est facile, tu te trouves à minuit exactement à tel croisement, et là, tu verras une grande silhouette noire, suis ses instructions … Il en disait pas plus... et tout le monde en a déduit qu'il avait marchandé avec le diable. Et tout le monde l'a cru, et il n'a pas démenti, le bougre de phénomène. Il y avait du vaudou dans l'air dans ces coins de Louisiane.

R johnson costume.jpg

Il avait une vieille guitare une Kalamazoo, copie cheap des Gibson, je sais pas où il l'avait trouvée, mais ce qu'il en faisait, c'était incroyable. Un don du ciel, ou du diable, mais inouï. C'est marrant ces génies qui semblent naître spontanément, Django aussi est apparu au même moment, enfin dans le monde de la guitare jazz... Ces mecs, t'as l'impression qu'ils ont 10 doigts à chaque main, et en plus regarde un peu les mains qu'il avait, c'est pas juste.. T'es vu ses doigts ? À se demander s'il n'avait pas le même truc que Paganini, une sorte de déformation des doigts plus ou moins hypertrophiés qui lui donnait des doigts souples, c'est compliqué ce truc médical*, mais c'est foutrement efficace... Si tu as des doigts normaux, tu peux pas lutter.. Tu me diras que Django il jouait 100 fois mieux avec ses 2 doigts et demi, que pas mal de gus avec tous leurs doigts en entier..

Pour revenir à la musique de Johnson, les gens qui ont entendu ses enregistrements dans les années 80, croyaient que les crédits des disques avaient oublié de mentionner un second guitariste. Et bin non, il jouait en même temps les deux voix, et il chantait en plus. Moi, ça m'a pas étonné, il y a eu un argentin Oscar Aleman qui faisait des choses comme ça, et il a enregistré à Paris, dans les années 45. Mais au début, quand je disais que Johnson jouait solo, on me croyait pas, on se foutait même un peu de ma gueule en douce. Ce mec avait une voix magnétique, assez haut perchée, mais ça vous prenait au coeur et aux tripes, les hommes comme les femmes. C'était un marin des plaines, avec une femme dans chaque village. Mais pas forcément des maîtresses, c'est la route à l'américaine, tu arrives dans un bled, tu trouves un coin pour chanter, ou pour jouer, et t'as toujours une personne ou une famille qui te dit viens dormir à la maison... et le casse croûte va de de soi. Et le lendemain tu tailles la route... Toujours. Même où on était très bien reçus, on trainait pas... L'un disait, «   It's good times here... » les gens comprenaient, « c'est chouette ici.. » mais nous on savait la suite, non exprimée : « but it's better down the road » ce qui signifiait en gros « c'est mieux ailleurs » et on se tirait... So long, hasta luego et latcho drom .. Et malgré cette vie de vagabond, Johnson était toujours impec, tiré à 4 épingles. C'est un de ses copains de route qui m'a dit ça, on arrivait dans un bled après une nuit de train, dans des wagons de marchandises, sur la paille, moi j'avais l'air de sortir d'une poubelle, lui c'était comme s'il sortait du salon de coiffure. »

En voilà une séquence

 http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailp...

 

Ce qui est étonnant, c'est qu'au même moment, ou presque, sur deux continents, deux guitaristes surdoués amènent des accords inventifs dans le jazz et le blues, les 7 eme et 9 eme augmentés, l'un parce que sa main handicapée l'obligeait à tout réinventer, avec une nouvelle guitare qui sonnait en solo, la Selmer Maccaferri, et et l'autre parce qu'il réinvente le blues... 2 ou 3 ans après Django, hasard, coïncidence ou information ? Ou technique à la Oscar Aleman ? Le mystère est pour le moment inexpliqué, mais ...

Robert Johnson avait ce talent de séduire tous les publics en quelques notes, c'est lui qui a inventé le support qui permet de jouer de l'harmonica en s'accompagnant à la guitare, prélude à l'homme orchestre baladin léger comme l'oiseau.

 

Propos recueillis par Norbert Gabriel ©1998-99

NB: dans les années 60, peu de gens connaissaient Johnson, mais les Rolling Stones avaient eu ses disques, c'était un de leurs maîtres de musique.

 

images?q=tbn:ANd9GcQxXE4BZKB8pWxX7N4OnqAWHLrTiRbD9sJk48WcROXSvSslZ7uk

Les mains et les doigts de Robert Johnson

* Il est fort possible que Paganini ait souffert du syndrome de Marfan (une hyperlaxité ligamentaire). Quoi qu'il en soit, il benéficia, en plus d'une technique développée, d'une morphologie particulière: ses mains, sans être plus grandes que la normale, étaient dotées d'une extensibilité hors normes. Ainsi, par exemple, il imprimait aux dernières phalanges de la main gauche qui touchait les cordes, un mouvement de flexion extraordinaire, qui les portait, sans que sa main ne se dérange, dans le sens latéral à leur flexion naturelle, et cela avec facilité, précision et vitesse. 



Et voici une guitare Selmer Maccaferri mythique, la 453 d'Henri Crolla  ©NGabriel 1998

 

blues,jazz,robert johnson,guitare


23:41 Publié dans Blog, Musique | Lien permanent | Norbert Gabriel | Commentaires (2) | Tags : blues, jazz, robert johnson, guitare | | |  Facebook |  Imprimer | | | |