10/05/2013
Jours Ferré, au bonheur des interprètes
Léo Ferré a sans doute été l’auteur dont la veine et la verve créatrices ne se sont jamais atténuées avec le temps, et sa longévité lui a permis d’exprimer toute la gamme des sentiments humains dans tous les registres de la musique et du texte.
Catherine Sauvage « je suis plutôt une comédienne qui chante qu’une chanteuse proprement dite, et Léo pour moi, c’était terriblement chatoyant: il y a des tas de couleurs différentes, des choses tendres, des choses violentes, des choses marrantes, et beaucoup au débit très rapide, ciselées, précises, et moi j’ai toujours été à l’aise dans les textes rapides, musclés, incisifs et surtout au second degré. Une chanson avec des mots abstraits je déteste ça. Mac Orlan disait «une bonne chanson est une chanson que je peux peindre» je suis tout-à-fait d’accord avec lui. Chez Léo, le thème peut bien être abstrait, les images elles, sont toujours très concrètes.»
Aujourd’hui, Annick Cisaruk, une des invitées permanentes des Jours Ferré peut reprendre mot pour mot ce que disait Catherine Sauvage. Avec David Venitucci, elle passe les chansons à travers le prisme re-créateur qui les réinvente dans l’air du temps d’aujourd’hui. Comme la plupart des artistes invités par Edito et Mistiroux, gens de scène et de spectacle qui font vivre à plein coeur les symphonies de mots, les jaillissements incandescents et mystiques, résolument enragés de vivre d’un poète et d’un musicien unique. Ferré est un des très rares, peut-être le seul, à avoir développé deux natures entières, celle du poète et celle du musicien. Ce qu’on a pu vérifier au cours de ces dernières années, avec un jour Ferré il y a 3 ou 4 ans, avec Annick Roux faisant les liaisons textuelles, puis l’année suivante Léo Nissim en liaisons musicales, à chaque fois, on entend des textes et des musiques qui tiennent debout seuls. Cette année 2013, les deux jours ont marié les deux natures, un jour avec des intermèdes musicaux, le second avec Pierre Margot pour «les lettres non postées».
Dans cette biographie en chansons, nous avons revécu le Ferré des cabarets, avec l’étang chimérique et le bateau espagnol par Jacques Bertin, Ferré des années 60, C’est extra, Ferré des grands monologues lyriques, mais avec musique, comme La mémoire et la mer ce monument gigantesque. Et Ferré des 400 coups de gueule et de révolte, l’homme debout, sans dieu ni maître, mais des maîtresses, la liberté, la fraternité, l’égalité et la flamme jamais éteinte de ce vieux rêve têtu, l’utopie est un chemin inexploré.
Deux jours qui ont permis toutes les aventures scéniques aux artistes complets invités, pour la plupart chanteurs, auteurs, comédiens. Et il faut souligner que tous prennent soin de préparer leur passage avec beaucoup d'attention pour n’avoir pas besoin d’aide mémoireavec des chansons qu’ils interprètent parfois pour la première fois.
Pour le générique, voir les premiers billets. Ici, et là.
Pour l’avenir, nul doute que le succès de ces deux jours encouragera les organisateurs à prolonger les rendez-vous dans les années qui viennent. Si on croit connaître son Ferré sur le bout de l’oreille, jetons un coup d’oeil sur l’intégrale Ferré, environ 50 CD, c’est-à-dire 3 ou 4 fois plus que ses pairs. De quoi donner des airs à à découvrir aux nouveaux invités potentiels à la fête… et non à Louis Ville, avec son formidable Y en a marre , non, y en a pas marre… à l’an prochain peut-être Louis?
Les jours Ferré, c’est fini pour cette année, mais Annick Cisaruk et David Venitucci dans leur spectacle Ferré, L’âge d’or, ça continue tous les lundis au Connétable, jusqu’à fin Juin, et comme dit Léo, quand c’est fini n-i ni ni, ça recommence… Il faut réserver, là.
Merci à Chorus N¨8, été 1994 et à Michel Trihoreau pour les pages sur Catherine Sauvage qui ont présidé à ce salut aux interprètes.
Photo Annick Cisaruk ©NGabriel2013
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